Dans le cadre de la Journée mondiale du patrimoine audiovisuel, le programme Mémoire du monde de l’UNESCO à travers le sous-comité de préservation du Comité consultatif international (CCI) du programme et en partenariat avec l’Information pour tous (IFAP) a organisé un Dialogue politique virtuel, mardi 27 octobre 2020, sur la préservation du patrimoine documentaire. Plusieurs recommandations sont sorties de cette rencontre.
« La pandémie est en train de réécrire notre présent. Un grand nombre d’enseignements utiles sur la façon d’aborder cet événement [la pandémie ndlr] sans précédent peut être tiré du passé et servir de fenêtre sur le monde », a expliqué Dr Xing Qu, directeur général adjoint de l’UNESCO lors du lancement du Dialogue politique virtuel sur la préservation du patrimoine documentaire. À l’en croire, les archives contiennent des réponses à de nombreuses questions contemporaines, notamment les impacts sociaux des épidémies précédentes, comme la grippe espagnole, qui a tué 50 millions de personnes entre 1918 et 1920. Sans les archives, il est difficile que le présent interroge le passé, a-t-il fait savoir. Dr Xing Qu reste persuadé qu’en absence d’archives, il serait impossible de parler de mémoire, de justice ou encore de réconciliation.
Problèmes de conservation
Pourtant, la conservation des archives pose un réel souci en ce 21e. Selon David Fricker, président du Conseil international des archives, bien vrai qu’« à l’ère du numérique, la préservation numérique de la mémoire collective de l’humanité n’a jamais été plus importante qu’aujourd’hui », les défis et difficultés liés à cette conservation restent assez nombreux. En effet, l’absence de véritables politiques habilitantes pour la préservation et l’accès aux patrimoines documentaires, la diminution des fonds disponibles pour les archives, les bibliothèques et les musées, constituent des facteurs qui augmentent le risque de perte permanente du patrimoine, a-t-il souligné.
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Parmi les facteurs de perte des patrimoines, M. Fricker note les conflits armés, les effets du changement climatique comme la montée des mers. Certains de ces facteurs peuvent causer aux patrimoines documentaires des dégâts énormes soit par leur pillage ou l’organisation de leur trafic de façon illicite, a-t-il précisé.
Les lacunes politiques
Au cours de ce dialogue politique virtuel, les lacunes politiques dans la préservation numérique du patrimoine documentaire en péril ont été abordées par les participants. Ce fut l’occasion pour le directeur général adjoint de l’UNESCO de faire comprendre les principaux volets thématiques de cette rencontre : l’innovation technologique, les cadres juridiques, l’identité culturelle et la durabilité du point de vue environnementale, sociale et économique.
Selon Dr Xing Qu, « Protéger, conserver, préserver, mettre en catalogue, diffuser ces archives est un devoir moral ». Car toutes les générations ont un droit inaliénable d’avoir accès aux archives de leur passé, estime-t-il. À l’en croire, c’est la raison d’être de « Mémoires du monde » qui vise surtout une large sensibilisation sur l’importance de ces archives.
Plus d’investissement
C’est pourquoi le directeur général adjoint de l’UNESCO a souligné la nécessité d’investir davantage dans la préservation du patrimoine documentaire. Il prouve le bien-fondé de ce financement par le fait que dans plusieurs pays, le manque de financement dû en grande partie à la covid-19 a privé l’accès du public au musée, bibliothèque, archives. À ses dires, il importe d’avoir un accès universel aux patrimoines documentaires. Pour ce faire, il propose la mise en place de bonnes politiques nationales et institutionnelles afin de mieux gérer les risques de perte naturelle ainsi que les risques liés à l’homme. D’où, selon lui, l’importance de la conservation numérique des patrimoines documentaires. Cette innovation technologique semble nécessaire, aux yeux de M. Fricker, puisque la plupart des patrimoines documentaires sont conservés sur des bandes magnétiques qui sont devenues obsolètes de nos jours.
Le dialogue politique du 27 octobre 2020 a eu lieu en deux sessions. La première session a abordé des questions de l’identité culturelle et de la durabilité. Quant à la seconde, elle a abordé la technologie et les cadres juridiques. Plus de 1000 participants étaient inscrits à cette séance de discussion en ligne.
Aux dires du directeur général adjoint de l’UNESCO, les résultats de cette discussion seront présentés « dans un rapport détaillant les messages clés et les recommandations politiques, qui alimenteront par la suite le 2e Forum politique mondial de la Mémoire du monde, prévu pour 2021, sur la réduction et la gestion des risques de catastrophe pour la préservation durable du patrimoine documentaire ».
Fousseni Togola
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