Au cours de la Table ronde ministérielle pour le Sahel central, le 20 octobre 2020, l’envoyé spécial des États-Unis pour la région du sahel, J. Peter Pham a invité à la protection des civils et à garantir la justice. Sur la situation au Mali, il interpelle la communauté internationale ainsi que les institutions régionales à garantir des élections libres et équitables, dans un délai de 18 mois, et d’assurer un retour à l’ordre constitutionnel.
Nous vous proposons l’intervention en intégralité
Je vous remercie de nous donner l’occasion de discuter de l’engagement des États-Unis dans le Sahel. L’approbation par le secrétaire d’État d’un cadre diplomatique pour le Sahel et la création de mon poste d’envoyé spécial au début de l’année reflètent l’engagement du gouvernement des États-Unis dans la région. En outre, la récente réorganisation de l’Agence des États-Unis pour le développement international (USAID) contribue à rationaliser notre réponse aux crises complexes comme celle du Sahel. Je suis ravi d’être accompagné aujourd’hui par Jenny McGee, l’administratrice adjointe chargée des secours, des interventions et de la résilience au sein de l’USAID, ainsi que par Richard Albright, le sous-secrétaire d’État adjoint chargé du bureau de la Population, des Réfugiés et des Migrations du département d’État.
Augmentation des besoins au Sahel
Les besoins au Sahel sont considérables et en augmentation. Il y a eu plus de décès liés au conflit dans la région du Sahel central au cours des neuf premiers mois de 2020 qu’il n’y en a eu au cours d’une année complète dans l’histoire récente. L’année dernière, le nombre de victimes du conflit et de personnes déplacées dans la région a augmenté de près de 200 %.
Nous restons également préoccupés par les rapports persistants faisant état d’attaques contre des travailleurs humanitaires. L’attaque tragique ce mois-ci d’un groupe de Burkinabés déplacés à l’intérieur de leur pays et retournant dans leurs foyers illustre ces risques. Nous nous engageons à améliorer la situation en matière de sécurité tant pour les populations concernées que pour la communauté humanitaire.
Les États-Unis sont le premier donateur d’aide humanitaire au monde et nous sommes le premier donateur dans les domaines de la santé, du développement et de l’aide humanitaire au Sahel. Comme je l’ai annoncé en septembre, le gouvernement des États-Unis a ajouté près de 152 millions de dollars d’aide humanitaire supplémentaire à sa réponse pour le Niger, le Mali, la Mauritanie et le Burkina Faso. Cela porte le total de l’aide humanitaire des États-Unis dans ces pays, y compris pour la prévention et la réponse à la COVID-19, à plus de 310 millions de dollars l’année dernière. En ce qui concerne le Tchad, l’autre pays du G5 Sahel, nous avons fourni plus de 129 millions de dollars d’aide humanitaire au cours de l’année dernière pour aider le pays à faire face aux conséquences des multiples conflits. Grâce à ce financement, le gouvernement des États-Unis fournit une aide vitale aux personnes déplacées en raison du conflit, ainsi qu’aux communautés qui les accueillent.
En outre, les États-Unis se sont engagés à aider les populations du Sahel à passer du statut de bénéficiaire d’aide humanitaire à celui d’investisseur dans leur développement. En 2020, nous avons investi 154 millions de dollars afin de renforcer la résistance aux chocs récurrents et de sortir les populations de la pauvreté dans le Sahel central. Cela s’ajoute à des investissements à plus long terme, comme le compact de près de 500 millions de dollars signé en août avec le Burkina Faso par la Millennium Challenge Corporation, qui permettra d’avoir accès à une électricité abordable et fiable, doublant ainsi le nombre de foyers ayant accès à l’électricité au cours des cinq prochaines années.
S’attaquer aux causes profondes de la violence
Tandis que nous travaillons ensemble pour soulager les souffrances des personnes touchées par les conflits, nous devons également rester concentrés sur la façon de nous attaquer aux causes profondes de la violence et d’enrayer sa propagation. Le cœur de la crise au Sahel est celui de la légitimité de l’état, la perception par les citoyens que leur gouvernement est valide, équitable, mais aussi capable et désireux de répondre à leurs besoins.
Cette légitimité exige de mettre l’accent sur la protection des civils, ainsi que de garantir la justice et de tenir pour responsable les auteurs de violations et d’exactions à l’encontre des droits de l’homme. Si les États ne s’engagent pas à répondre aux besoins de leurs citoyens, aucun degré de mobilisation internationale n’a de chance de réussir.
Garantir le retour à l’ordre constitutionnel
Au Mali, la communauté internationale, avec les institutions régionales en tête, doit garantir des élections libres et équitables dans un délai de 18 mois et un retour à l’ordre constitutionnel. Mais les réformes, comme celles concernant la corruption, les droits de l’homme et la mise en œuvre des principes de l’accord d’Alger, sont également essentielles. Elles sont le seul moyen de renforcer la confiance des citoyens dans l’État et de faire en sorte que le Mali ne soit pas victime d’un cycle d’instabilité politique répété.
Nous accueillons favorablement le partenariat d’autres donateurs pour répondre à la crise humanitaire au Sahel et appelons les nouveaux donateurs à contribuer aux besoins croissants dans la région. Nous continuerons d’être un catalyseur de l’engagement de la communauté internationale pour répondre à l’appel de celles et ceux qui sont dans le besoin.
Source : Département d’État des États-Unis
Le titre, le chapô et les sous-titres sont de la rédaction
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