Dans la nuit du samedi 7 au dimanche 8 janvier 2023, un tragique accident de circulation s’est produit au Sénégal, dans le département de Kaffrine, localité située à environ 250 km à l’est de la capitale Dakar. Dans cette tribune, Bocar Harouna Diallo, jeune chercheur en géographie rurale à l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar, porte un regard critique sur cette tragédie et interpelle les autorités sénégalaises.
Au Sénégal, nous préférons étouffer nos problèmes que de leur faire face et les régler une bonne fois. À chaque fois qu’une catastrophe se produit, chacun de nous est choqué, alors que chacun d’entre nous sème les graines des catastrophes sans lever le petit doigt pour dénoncer, sensibiliser ou avertir l’autorité chargée de la régulation.
Esquiver règles et codes de conduite
Après le tragique accident de Sikilo, nous allons vociférer, pleurer, nous plaindre et prier pour les défunts comme on a l’habitude de le voir au Sénégal, un pays où l’émotion est parfois au-dessus de la règle. Quelques jours après le deuil national et la consternation, nous allons oublier et recommencer la vie quotidienne en rappelant souvent les décisions prises en acte et des anecdotes d’accidents à longueur dans les médias.
La négligence est un facteur de plusieurs maux touchant l’humanité, en particulier le sénégalais. La tolérance et la négligence sont des mots très connus et appliqués au Sénégal pour esquiver plusieurs règles et codes de conduite. Pourtant ceux-ci devraient être respectés et appliqués sans complaisance pour le bon fonctionnement de la vie. Leur application en toute conformité permet d’éviter plus d’erreurs susceptibles d’occasionner des dégâts de diverse nature.
Le manque de rigueur
Hélas, il est fréquent de voir des arrangements et de laissez-passer dans le quotidien des Sénégalais. Le manque de rigueur dans les contrôles routiers entraîne des accidents avec des pertes déplorables en vies humaines. Le Sénégal a connu plusieurs accidents de voitures, de charrettes et de navires, etc., avec des dégâts innommables, ces dernières années.
Cette tragédie de Sikilo en est une parfaite illustration. Bien que la mort soit une porte divine que doit franchir tout être humain (que les défunts reposent en paix), il est important de noter que la responsabilité de ces tragédies se situe à plusieurs niveaux (État et chaînes de transport).
Après cet incident, aucune mesure fondamentale pérenne et applicable avec rigueur sans partie prise ne pourrait être prise. Nous ne changerons pas non plus nos mauvaises habitudes. Un peuple qui n’apprend rien de ses erreurs, qui oublie vite, qui est trop émotif vivra toujours dans la réaction factuelle. Plusieurs décisions et recommandations dorment dans nos tiroirs.
Les impacts économiques
Il est temps de situer les responsabilités et de sanctionner sans pitié.
L’État doit penser à un assainissement profond du secteur du transport (centre de visite technique moderne des véhicules, l’octroi des permis, contrôle technique permanent, l’interdiction des vieux véhicules, l’interdiction d’importation des pneus usés).
Il semble important de sévir sur les surcharges (personnes et marchandises) et d’interdire certains trajets nocturnes de longues distances. Il serait aussi très intéressant et innovant de faire un listing de tous les voyageurs comme ce fut le cas durant la Covid-19.
Le transport est un secteur clé pour le développement d’un pays. Sa paralysie serait synonyme de pertes qui vont impacter l’économie.
Bocar Harouna Diallo
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