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Tour cycliste du Mali : quand le sport défie l’insécurité

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Alors que le Mali s’efforce de reprendre pied sur la scène sportive et internationale, un incident armé est venu troubler, sans le faire chavirer, la deuxième étape du Tour cycliste national. À douze kilomètres de l’arrivée, des coups de feu rappellent qu’ici, le sport n’échappe jamais tout à fait au tumulte. Mais sur la route de Nièna, dans la région de Sikasso, c’est aussi une leçon de résilience que les coureurs ont donnée.

Ce devait être une simple étape de course, une célébration sportive traversant les terres rouges du sud du Mali. Ce lundi 14 avril, la deuxième étape du Tour cycliste national, entre Sikasso et Nièna, a pourtant failli virer au drame. À 12 kilomètres de l’arrivée, des tirs éclatent en bordure de route. Panique, stupeur, mais aucune victime. L’armée malienne, présente sur le parcours, intervient avec célérité. Un suspect est interpellé. L’incident, aussi bref que symbolique, souligne une fois de plus la coexistence troublée entre l’élan de la normalité et les soubresauts d’un pays en guerre larvée.

Un Mali qui tient debout, qui accueille, qui résiste par les symboles

La Fédération malienne de cyclisme, dans un communiqué au ton rassurant, a évoqué un « incident sans victime » et affirmé que « toutes les mesures de sécurité nécessaires » avaient été prises. L’étape s’est poursuivie, comme si rien ne s’était passé, fidèle à cette résilience que les Maliens pratiquent désormais quotidiennement : continuer malgré tout. Mais que faut-il lire entre les lignes ?

Il faut, d’abord, mesurer la portée du symbole. A l’instant où des cyclistes venus de plusieurs pays franchissent les villages du sud malien, un groupe armé tente de faire irruption dans l’espace public. Non pas pour tuer, cette fois – ou pas encore –, mais pour troubler, interrompre, perturber. Comme une manière d’affirmer que le bruit des balles ne cède jamais tout à fait sa place à celui des roues.

Ensuite, il faut s’interroger sur ce que cet acte dit de l’état du territoire. Sikasso, Nièna, ces noms renvoient à une zone réputée plus calme que le centre ou le nord du pays. Et pourtant, c’est là, sur une route supposément sécurisée, qu’un incident éclate. L’espace du sport devient, par la force des choses, un champ d’affirmation de l’autorité de l’État. En sécurisant l’étape, l’armée malienne n’a pas seulement protégé une course cycliste. Elle a protégé un récit, celui d’un Mali qui tient debout, qui accueille, qui résiste par les symboles.

Le peloton a résisté

Un détail en dit long, la compétition a continué. Les coureurs ont franchi la ligne d’arrivée, les journalistes ont relaté la performance, et la Fédération a diffusé ses messages d’apaisement. Comme si, dans cette persistance du rituel sportif, résidait une part de l’orgueil national. Oui, des hommes armés ont tiré. Non, ils n’ont pas arrêté le Tour. L’incident, maîtrisé, devient alors le revers – furtif, contenu – d’une médaille plus grande : celle d’un pays qui tente, envers et contre tout, de rester lui-même.

Dans un Mali qui cherche des repères entre transitions, tensions et aspirations collectives, le Tour cycliste n’est pas qu’un événement sportif. Il est, désormais, une ligne de front symbolique. Entre ce qui menace et ce qui rassemble. Entre ce qui effraie et ce qui fait tenir. Ce jour-là, entre Sikasso et Nièna, le peloton n’a pas seulement avancé. Il a résisté.

Chiencoro Diarra


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