Dans les rues de Bamako, dans les salles de classe, même sur les lieux de travail, un constat s’impose : les yeux des jeunes sont rivés sur leurs téléphones, absorbés par TikTok. Ce réseau social, initialement conçu pour divertir, est aujourd’hui devenu une obsession pour une grande partie de la jeunesse malienne.
TikTok influence les comportements, les ambitions, et la manière dont les jeunes perçoivent la réussite. Pour beaucoup, devenir célèbre sur cette plateforme est devenu un but ultime, reléguant les études, le travail, et même les projets concrets au second plan. Des heures entières sont perdues à scroller, à créer du contenu vide de sens, souvent en quête de likes, de vues ou d’une illusion de célébrité.
Ce phénomène crée un véritable fossé entre le potentiel des jeunes et leur réalité. Loin de les inspirer, TikTok les enferme dans une bulle d’apparences où l’effort, la persévérance et l’éducation semblent ne plus avoir de valeur.
Il est temps de tirer la sonnette d’alarme. Car si TikTok façonne désormais les rêves de notre jeunesse, que restera-t-il de leurs vraies ambitions ?
Des témoignages glaçants
Fanta, âgée de 19 ans, est élève en terminale, témoigne : « Franchement, je passe plus de temps sur TikTok que dans mes cahiers. Je me dis souvent que je vais juste regarder 5 minutes… et ça finit en 2 heures. Même quand je suis en classe, je pense à ce que je vais publier. Il y a des moments où je me dis que ça ne sert à rien, mais en même temps, quand je vois les filles de mon âge devenir célèbres avec juste des vidéos de danse, je me demande pourquoi moi je me fatigue à réviser. Je sais que ce n’est pas bien, mais c’est comme une addiction. »
Fanta n’est pas la seule dans cette situation et ce n’est pas seulement les filles qui sont concernées. Oumar a 23 ans. Il est diplômé sans emploi et nous explique sa mauvaise expérience d’utilisateur de TikTik : « Moi je voulais être ingénieur, mais à un moment donné, j’ai tout arrêté. Je voulais percer sur TikTok, comme les influenceurs qu’on voit tous les jours. J’ai tout misé là-dessus. J’ai même commencé à faire des vidéos, à copier les tendances, mais après des mois, rien. Pas de vues, pas de revenu. Je me suis rendu compte que j’avais perdu du temps. Mes amis travaillaient, moi je voulais devenir célèbre. Aujourd’hui, je regrette. TikTok m’a fait rêver, mais j’ai mis de côté mes vrais objectifs. »
Il devient urgent de repenser nos priorités. Si TikTok peut être une source de créativité, il ne doit pas devenir une échappatoire à l’effort et à l’ambition réelle. La jeunesse malienne mérite mieux que des rêves éphémères. Il est temps de redonner de la valeur à l’éducation, au travail et à l’investissement personnel. Car ce sont ces chemins-là qui construisent un avenir durable, pas les tendances d’un jour.
Hawa Diaby
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