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Tensions médiatiques : La Guinée accuse France 24 de « manque d’impartialité »

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Une récente diffusion de France 24 sur la situation politique en Guinée a provoqué une vive réaction des autorités guinéennes, soulevant des questions sur la liberté de la presse et l’équilibre de l’information dans un contexte de transition délicat. L’émission incriminée, diffusée le samedi 5 juillet, sous le titre « La Guinée : les opposants de Mamadi Doumbouya réduits à la peur et au silence », a été qualifiée de « tendancieuse » par la Haute Autorité de la Communication (HAC) de Guinée.

Dans son reportage, le journaliste de France 24 dépeint un tableau sombre de la Guinée sous la junte dirigée par le Colonel Mamadi Doumbouya, suggérant que les voix dissidentes sont systématiquement réduites au silence par des enlèvements ou des violences. Cette allégation, loin de passer inaperçue, a immédiatement alerté les régulateurs des médias guinéens.

La HAC monte au créneau

La réponse de la HAC ne s’est pas fait attendre. Le mardi 8 juillet, l’institution a publié un communiqué cinglant, dénonçant un « élément tendancieux » et exprimant de sérieuses réserves quant à la couverture de France 24. Le Collège de la HAC a pointé du doigt des « informations inexactes et non recoupées », ainsi qu’un « manque d’équilibre dans le traitement» de l’actualité guinéenne.

Le communiqué souligne l’importance cruciale d’un traitement journalistique rigoureux, particulièrement dans un pays en pleine mutation politique. « Le Collège de la HAC a recommandé que les informations sur la Guinée soient traitées avec beaucoup plus de professionnalisme et surtout d’impartialité », peut-on lire dans la déclaration officielle. Cette recommandation met en lumière une attente claire des autorités guinéennes : un journalisme qui respecte les principes d’objectivité et de vérification des faits, évitant toute forme de partialité ou de sensationnalisme.

Un courrier à France Médias Monde

Preuve de la gravité avec laquelle la HAC perçoit cet incident, un courrier a déjà été officiellement adressé à la « présidente-directrice générale de France Médias Monde », la maison mère de France 24. L’objectif de cette correspondance est « d’attirer son attention sur cette insuffisance professionnelle », une formulation qui témoigne de la volonté des autorités guinéennes de voir des mesures prises pour corriger ce qu’elles considèrent comme des manquements éthiques et déontologiques.

L’élément controversé a été diffusé dans la rubrique « Les Observateurs » de France 24, une émission connue pour son analyse de l’actualité internationale à travers le prisme des médias sociaux et des témoignages. Cependant, dans ce cas précis, la HAC estime que le reportage a franchi la ligne rouge de l’objectivité, présentant une image biaisée de la réalité guinéenne et potentiellement exacerbant les tensions.

Enjeux pour la liberté de la presse et la régulation

Cet incident met en lumière les défis complexes auxquels sont confrontés les médias internationaux lorsqu’ils couvrent des nations en transition, où les perceptions de la liberté de la presse et de la responsabilité journalistique peuvent différer. Pour la Guinée, qui est sous un régime militaire depuis le coup d’État de septembre 2021, la question de l’espace démocratique et de la liberté d’expression est particulièrement sensible. Les autorités guinéennes, tout en affirmant leur attachement à la liberté de la presse, insistent sur la nécessité d’un journalisme « professionnel» et « impartial », une ligne qui peut parfois être perçue comme une tentative de contrôle ou de censure par certains observateurs extérieurs.

La controverse entre la HAC et France 24 souligne la ligne ténue entre l’investigation journalistique et l’ingérence perçue. Elle rappelle également l’importance cruciale, pour les médias internationaux, de s’assurer que leurs reportages sur des contextes politiquement fragiles sont non seulement précis, mais aussi équilibrés, afin d’éviter d’alimenter les tensions ou de donner lieu à des interprétations erronées. La balle est désormais dans le camp de France Médias Monde pour répondre aux préoccupations de la HAC et, potentiellement, pour réaffirmer son engagement envers les principes d’un journalisme juste et équitable.

Ibrahim Kalifa Djitteye 


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