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SIGRH : suspension des salaires de 36 151 fonctionnaires non recensés

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Le 26 août, le ministre de l’Économie et des Finances, Alousséni Sanou, a annoncé la « suspension immédiate des salaires » de plus de 36 000 agents publics non enrôlés dans le SIGRH. Une décision prise sur instructions du Président de la Transition, le général Assimi Goïta, qui entend mettre fin à l’hémorragie financière provoquée par les « fonctionnaires fantômes ».

Le couperet est tombé. Par une circulaire datée du 26 août et adressée aux directeurs financiers, aux maires, aux gestionnaires d’institutions et aux responsables d’administrations, le ministre de l’Économie et des Finances a ordonné l’arrêt du paiement des salaires de 36 151 agents publics non recensés dans le cadre du recensement biométrique.

Ce processus, lancé dans le cadre du Système intégré de gestion des ressources humaines (SIGRH), avait permis de comptabiliser 158 317 agents de la fonction publique, dont seulement 122 166 ont répondu au contrôle biométrique. Résultat : une saignée estimée à 48,28 milliards de francs CFA par an, payés à des agents introuvables.

Double sanction : absents et doublons

Le communiqué ne s’arrête pas aux absents. Le ministère révèle aussi la découverte de cas de doublons parmi les agents enrôlés, certains avec, d’autres sans numéro d’identification nationale (NINA). Là encore, la sanction est claire : suspension des salaires jusqu’à clarification administrative.

« Il s’agit d’une suspension provisoire », précise le texte, qui accorde un délai de grâce de trois mois aux agents concernés. Passé ce délai, les suspensions deviendront définitives.

Cette décision traduit la fermeté du Chef de l’État, le Général Assimi Goïta. Dix jours après avoir reçu le rapport du SIGRH, il a instruit son gouvernement de passer à l’action, exigeant l’application stricte des recommandations. Le Premier ministre, Abdoulaye Maïga, lors d’une audience accordée par le président de la transition, le 25 août dernier, avait confirmé que des mesures sont en préparation et qu’elles allaient être rendues publiques « dans les prochains jours ».

Un signal fort

Dans un Mali où l’administration a longtemps toléré les fantômes de service, l’annonce a l’effet d’un électrochoc. En s’attaquant à un mal systémique, la Transition cherche à redonner crédibilité et discipline à l’État. Mais elle prend aussi un risque politique : celui d’affronter de front un système de connivences installé depuis des décennies.

En stoppant les salaires des absents et en traquant les doublons, Assimi Goïta veut démontrer qu’il ne gouverne pas par les armes, mais par la rigueur budgétaire. Pour lui, la lutte contre la corruption administrative est désormais une bataille aussi décisive que celle contre les jihadistes.

Le ministère de la refondation a mis au point un logiciel du SIGRH, développé localement et financé exclusivement par le budget national, et qui centralise les données biométriques, connecte les ministères, sécurise les salaires. À terme, même les concours d’entrée dans la fonction publique pourraient y passer.

Un outil souverain, que le président de la Transition présente comme le cœur de sa stratégie de refondation. « Nous disposons désormais d’un instrument capable d’instaurer une gouvernance saine et rigoureuse », a martelé Goïta, lors de la réception du rapport le 15 aout dernier.

Chiencoro Diarra 


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