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Sénégal : une Déclaration de Politique Générale sous le signe de la rupture 

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Dans un discours empreint d’ambition et de gravité, le Premier ministre sénégalais Ousmane Sonko a présenté une vision de rupture inédite pour le Sénégal. Justice, souveraineté nationale et transformation économique : autant de piliers d’une nouvelle ère promettant un Sénégal profondément transformé.

Nommé Premier ministre du Sénégal le 2 avril 2024, Ousmane Sonko a présenté sa Déclaration de Politique Générale le 27 décembre 2024. Cela marque une volonté de rupture avec les pratiques antérieures. À travers des engagements forts sur la justice, la souveraineté nationale, l’équité sociale et la transformation économique, Sonko a incarné l’espoir d’un Sénégal profondément transformé. 

Un plaidoyer pour la justice 

Dès les premières minutes, Ousmane Sonko a frappé fort en annonçant la volonté de son gouvernement de déposer un projet de loi pour abroger l’amnistie adoptée sous Macky Sall en mars dernier. Cette loi, couvrant les faits relatifs aux trois années de violences ayant secoué le pays entre 2021 et 2024, avait fait l’objet de vives controverses. En s’engageant à « établir toutes les responsabilités » et à garantir que justice soit rendue, Sonko remet la transparence et la vérité au centre du contrat social sénégalais.

Cependant, il a précisé que cet effort de vérité ne serait ni une chasse aux sorcières ni une revanche, insistant sur la justice comme pilier essentiel de la paix sociale. Cette annonce marque un premier pas décisif dans la volonté du gouvernement d’instaurer un État de droit véritablement équitable, mais elle pose des questions : dans un pays marqué par des tensions politiques persistantes, comment garantir que cette démarche soit perçue comme un effort de justice et non comme une tentative de revanche politique ?

La fermeture des bases étrangères

Le Premier ministre a également marqué les esprits en réitérant la volonté de son gouvernement de « fermer toutes les bases militaires étrangères au Sénégal ». Sans nommer de pays, Sonko fait de cette décision un symbole de souveraineté retrouvée. Ce choix s’inscrit dans une dynamique panafricaine où plusieurs nations aspirent à redéfinir leurs relations avec les puissances étrangères.

Mais cette annonce s’accompagne de défis, notamment la fermeture de ces bases pourrait avoir des implications géopolitiques et sécuritaires majeures, notamment dans un contexte sous-régional où la lutte contre le terrorisme reste une priorité. En outre, il faudra déterminer si cette souveraineté affichée sera économiquement et stratégiquement viable.

Entre réformes et pragmatisme

Sonko a reconnu que « le financement est l’aspect le plus important dans un projet politique ». Dans cette optique, il propose des réformes fiscales ambitieuses, promettant de « faire moins payer chaque Sénégalais, mais faire payer tous les Sénégalais ». L’audit des niches fiscales et le renforcement des partenariats public-privé constituent des piliers de cette stratégie. L’objectif est de réduire un déficit budgétaire colossal, actuellement à 10 %, pour atteindre un seuil de 3 % d’ici trois ans.

Toutefois, ces réformes économiques nécessiteront une discipline budgétaire stricte et une gestion rigoureuse des ressources publiques. Le défi consistera à concilier ces objectifs avec les besoins croissants de la population en matière d’éducation, de santé et d’infrastructures.

Déconstruire pour reconstruire

« Jamais dans l’histoire du Sénégal un pouvoir n’a été transmis dans cet état », a déclaré Sonko. Le Premier ministre a mis en lumière les défis colossaux hérités de la précédente administration, appelant à une « rupture d’une profondeur jamais vue depuis l’indépendance ». Cette ambition s’accompagne d’un appel à ne pas craindre le changement, illustrant une volonté de bousculer les normes établies pour jeter les bases d’un futur stable.

Ce discours, qui oscille entre gravité et espoir, témoigne d’un Premier ministre conscient de l’immensité de la tâche. Cependant, il soulève une question centrale : le gouvernement aura-t-il les moyens de ses ambitions dans un pays où les attentes des citoyens sont aussi élevées que les frustrations accumulées ?

Promesse de justice fiscale

La réforme fiscale promise repose sur l’idée d’élargir l’assiette fiscale tout en garantissant une équité accrue. Cet engagement témoigne d’une volonté de restaurer la confiance entre l’État et les citoyens. Cependant, l’audit des niches fiscales et la lutte contre la fraude nécessiteront des moyens techniques et humains importants, ainsi qu’une transparence totale pour éviter toute suspicion de favoritisme ou de ciblage.

Le discours de politique générale d’Ousmane Sonko se veut le point de départ d’une transformation profonde du Sénégal. En affirmant vouloir déconstruire les « mauvais choix » du passé pour reconstruire sur des bases solides, Sonko propose une vision d’avenir fondée sur la justice, la souveraineté et l’équité.

Cependant, cette vision exige une exécution sans faille et une mobilisation nationale, car le moindre faux pas pourrait compromettre la crédibilité de ce projet ambitieux. La promesse d’un avenir stable, équitable et souverain dépendra donc de la capacité du gouvernement à transformer ses annonces en actions concrètes.

Une lueur d’espoir sous conditions

En se positionnant comme l’architecte d’une rupture politique et économique, Ousmane Sonko propose une vision ambitieuse mais réaliste pour le Sénégal. Cette DPG est une déclaration de guerre aux injustices et un appel au sursaut collectif. Cependant, comme tout projet ambitieux, son succès repose sur l’exécution, la mobilisation des ressources et la résilience face aux oppositions.

Dans un monde en mutation rapide, cette vision pourrait redonner au Sénégal sa place en tant que modèle de stabilité et d’innovation en Afrique de l’Ouest, à condition que les promesses se concrétisent. Sonko appelle ses concitoyens à croire en ce projet, mais la réussite dépendra aussi de la capacité du peuple sénégalais à s’unir derrière cette vision.

Chiencoro Diarra 


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