Le nouveau président sénégalais, Bassirou Diomaye Faye, a choisi la Mauritanie pour sa première visite officielle le jeudi 18 avril 2024, après son investiture. Cette démarche, éloignée des attentes initiales d’un déplacement au Mali, symbolise un tournant dans la diplomatie sénégalaise et souligne les enjeux de sécurité et économiques partagés entre les deux nations.
Bassirou Diomaye Faye, fraîchement installé aux commandes du Sénégal, a pris une route surprenante pour sa première visite présidentielle. Loin des attentes, il a choisi non pas le Mali, ce pilier du panafricanisme sous la coupe d’Assimi Goïta, mais la Mauritanie. Une Mauritanie souvent pointée du doigt par ses voisins de l’Alliance des Etats du Sahel pour son rôle ambigu vis-à-vis des activités terroristes qui secouent la région.
Première destination, Afrique non pas Paris
Cette décision a de quoi surprendre et intriguer. La Mauritanie, avec laquelle le Sénégal partage des intérêts économiques non négligeables, notamment dans l’exploitation du gaz du champ Grand Tortue Ahmeyim, semble un choix stratégique et réfléchi. Mais, cela va bien au-delà des simples liens économiques. Le président mauritanien, Mohamed Ould Ghazouani, actuellement président de l’Union africaine, a assisté à l’investiture de Diomaye Faye. Une présence qui signifie sans doute plus que de simples formalités diplomatiques.
Ce geste de Faye pourrait être interprété comme une volonté de renforcer les liens avec un voisin direct tout en affichant une certaine indépendance vis-à-vis des habitudes diplomatiques, notamment celle de courir à Paris pour chercher une légitimité auprès de l’ancienne puissance coloniale. C’est un signal fort, un message clair que le jeune président veut peut-être envoyer : l’Afrique peut et doit compter d’abord sur ses propres forces et alliances.
Jouer un rôle de médiateur
Derrière cette visite, se cachent probablement des discussions cruciales sur la sécurité régionale, un sujet brûlant pour ces deux pays bordant le Sahel, un espace tourmenté par l’insécurité. Cela montre que Diomaye Faye ne prend pas à la légère les menaces pesant sur sa nation et ses voisins. Et peut-être, juste peut-être, Diomaye Faye envisage-t-il de jouer un rôle de médiateur pour faciliter le retour de la Mauritanie dans le giron de la CEDEAO, réaffirmant ainsi l’importance de la solidarité africaine.
En choisissant la Mauritanie pour sa première sortie officielle, Bassirou Diomaye Faye démontre une approche prudente mais audacieuse de la diplomatie. Il semble prêt à redéfinir les alliances du Sénégal pour consolider une position stratégique dans une Afrique de l’Ouest en constante évolution. Ce n’est donc pas seulement une visite de courtoisie, mais un calcul diplomatique destiné à renforcer les fondations sur lesquelles sera bâtie sa politique extérieure.
Chiencoro Diarra
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