Les réseaux sociaux ont récemment fait entendre la voix des internautes maliens, dénonçant une injustice dans la sélection des premiers nationaux du baccalauréat. Face à ces critiques, le Directeur du Centre national des examens et concours de l’éducation s’engage à revoir le système pour que chaque série soit équitablement représentée à l’avenir.
Les réseaux sociaux ont une force insoupçonnée, une capacité à amplifier les voix, à faire entendre les murmures, à transformer les indignations individuelles en mouvement collectif. Cette réalité s’est encore une fois manifestée après la proclamation des résultats du baccalauréat malien de la session de juin 2024. Les résultats ont à peine été annoncés que les réseaux se sont enflammés, non pas tant pour célébrer les succès des lauréats, mais pour dénoncer une injustice perçue dans le processus de sélection des premiers nationaux.
Redonner à chacun la reconnaissance qui lui est due
Chaque année, ce sont les élèves des séries scientifiques qui raflent la mise, accédant au titre de premier national. Une distinction qui, selon de nombreux internautes, masque une inégalité fondamentale. Comment, disent-ils, peut-on comparer les sciences et les lettres avec un même système de notation, alors que leurs exigences, leurs méthodes d’évaluation, et même leurs défis sont si différents ? Les sciences, avec leurs équations rigides, leurs calculs précis, sont-elles véritablement comparables aux lettres, domaine de la réflexion, de l’analyse et de la subjectivité ?
Ces questions, portées par la clameur numérique, ont rapidement gagné en résonance. Ce qui aurait pu rester une simple discussion de café, une plainte murmurée dans les couloirs des lycées, est devenu un débat national. Et ce débat n’est pas tombé dans des oreilles de sourds. Le Directeur du Centre National des Examens et Concours de l’éducation, Mahamadou Kéïta, a pris acte de ces critiques, reconnaissant leur bien-fondé. Un rare moment d’écoute et de remise en question au sein d’une administration souvent perçue comme rigide.
Il s’est engagé à revoir le système, à approfondir les réflexions pour qu’à l’avenir, il n’y ait plus un seul « premier national« , mais des « premiers nationaux« , un pour chaque série. Un changement qui, s’il est mis en œuvre, pourrait redonner à chacun la reconnaissance qui lui est due, en fonction des spécificités de son parcours. Ce geste est plus qu’une simple concession, c’est une reconnaissance de la diversité des talents et des parcours, une manière de dire que chaque réussite mérite d’être célébrée pour ce qu’elle est, sans comparaison injuste.
La force des réseaux sociaux, c’est la force de ceux qui les utilisent
Il est fascinant de voir comment les réseaux sociaux, souvent décriés pour leur superficialité, leur propension à la polémique stérile, peuvent aussi être des outils puissants de changement. Ils permettent à des voix longtemps marginalisées ou ignorées de se faire entendre, de se réunir autour d’une cause commune, et, parfois, de faire plier des institutions. Ce n’est pas la première fois, et ce ne sera certainement pas la dernière, que l’on assiste à un tel phénomène. Mais chaque fois, on ne peut s’empêcher d’être impressionné par cette capacité à transformer des préoccupations individuelles en un mouvement collectif qui fait bouger les lignes.
La décision du Centre national des examens et concours d’envisager une refonte du système de sélection des premiers nationaux n’est pas seulement une victoire pour les élèves de séries littéraires ou économiques. C’est aussi une leçon pour nous tous, une leçon sur l’importance de l’écoute, sur la nécessité de reconnaître les injustices, même celles qui sont ancrées depuis longtemps dans nos systèmes. C’est une démonstration que le changement est possible, à condition que nous soyons prêts à l’exiger et à le soutenir, même si ce n’est que par un commentaire posté sur les réseaux sociaux.
Alors, la prochaine fois que vous vous surprenez à douter de l’impact que peut avoir une publication sur les réseaux, souvenez-vous de cette histoire. Souvenez-vous que parfois, une simple réflexion, partagée au bon moment, peut résonner bien au-delà de ce que l’on imagine. Parce qu’au final, la force des réseaux sociaux, c’est avant tout la force de ceux qui les utilisent pour défendre ce qui leur semble juste.
Oumarou Fomba
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