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Relations Mali-Algérie : Choguel Kokalla Maïga dénonce le double jeu d’Alger

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Dans une intervention publiée le 9 avril 2025 sur sa chaîne YouTube, l’ancien Premier ministre malien, Dr. Choguel Kokalla Maïga, a livré une analyse sans concessions de la position de l’Algérie vis-à-vis du Mali, soulignant l’importance de la souveraineté malienne face aux interventions extérieures. À travers un discours dense mêlant histoire, géopolitique et stratégie, il a mis en lumière ce qu’il considère être une posture ambiguë et problématique de l’Algérie dans la gestion de la crise sécuritaire au Nord du Mali.

Dès le début, le Dr. Maïga a précisé que sa prise de parole visait à clarifier la nature des relations bilatérales entre Bamako et Alger, dans un contexte de confusion provoqué par diverses déclarations politiques récentes. Il a souligné que l’objectif était de rappeler à Alger que le Mali, sous la direction de ses autorités actuelles, ne permettrait aucune ingérence dans sa gestion souveraine des affaires intérieures, notamment la situation au Nord.

Revenant sur l’histoire coloniale, Choguel Maïga a rappelé l’accord signé en 1907 entre les autorités françaises et les Ifoghas de Kidal, leur accordant une autonomie en échange de leur neutralité. Selon lui, cette exception historique a contribué à fragiliser le Mali, une situation dont certains pays voisins, comme l’Algérie, ont tiré profit en exacerbant les divisions internes. Il a également précisé que les tentatives d’exploitation de cette situation par des puissances étrangères ne feraient que nuire à la stabilité et à l’unité du Mali.

Un soutien ambigu de l’Algérie aux rébellions touarègues 

L’ancien Premier ministre a évoqué le soutien initial de l’Algérie aux premières rébellions touarègues dans les années 60. À cette époque, Alger avait soutenu le Mali en livrant des chefs rebelles, mais avec le temps, ce soutien a disparu, donnant place à une stratégie d’influence régionale plus marquée. Il a affirmé que l’Algérie avait progressivement tenté de contrôler indirectement certaines zones du Nord malien, exacerbant ainsi la situation sécuritaire dans ces régions.

Dans les années 90, le Mali a accordé des blocs pétroliers à l’Algérie comme gage de bonne volonté, mais ces ressources n’ont jamais été exploitées à des fins de développement. Selon Choguel Maïga, l’Algérie aurait plutôt utilisé ces actifs comme leviers géostratégiques. Il a également dénoncé le fait que de nombreux habitants de Kidal possédaient des passeports algériens, ce qui, au lieu de renforcer les liens entre les peuples, a plutôt exacerbé les divisions ethniques et politiques, notamment en période de rébellions, où ces Maliens sont traités comme étrangers en Algérie.

L’Algérie, un rôle ambigu dans la déstabilisation du Mali

Choguel Maïga a dénoncé le rôle de l’Algérie dans la déstabilisation du Mali en soutenant certains mouvements rebelles, citant l’exemple du Mujao en 2012, un groupe majoritairement composé de Sahraouis venus de zones sous influence algérienne. Selon lui, l’Algérie mène une politique contradictoire : un discours public amical, mais des actions secrètes qui alimentent le chaos et la violence dans le pays.

Il a aussi critiqué l’accord entre l’Algérie et la France sur la sécurité au Sahel, qu’il qualifie d’« impie », et qui, selon lui, va à l’encontre des intérêts des pays de l’AES (Alliance des États du sahel). Pour Choguel Maïga, cet accord vise à affaiblir la dynamique souverainiste en cours à Bamako, Niamey et Ouagadougou, des initiatives qui cherchent à affirmer l’indépendance des États sahéliens face aux puissances extérieures.

Retour sur la diplomatie algérienne et la position de Bamako

Choguel Maïga a relaté un moment clé de sa carrière. En 2021, après son discours à New York où il dénonçait le double jeu français, le ministre algérien des Affaires étrangères était venu le féliciter. Cependant, cette accalmie n’a été que temporaire. Peu après, Alger s’est alignée sur Paris et la CEDEAO pour imposer un agenda de transition au Mali, une ingérence que Bamako a fermement rejetée. Selon lui, cette attitude démontre un manque de respect pour la souveraineté malienne et pour les décisions prises par les autorités légitimes du pays.

Malgré les critiques sévères formulées contre l’Algérie, Choguel Maïga a reconnu l’existence de liens historiques et culturels profonds entre le Mali et l’Algérie. Toutefois, il a insisté sur le fait que ces liens ne peuvent prospérer que si Alger respecte l’indépendance du Mali et cesse de soutenir indirectement ou directement les groupes armés responsables de la déstabilisation du Nord du pays.

Enfin, Choguel Maïga a mis en garde l’Algérie contre toute tentative de maintenir le terrorisme et l’instabilité au Mali pour garantir sa propre paix. Une telle stratégie, selon lui, est moralement inacceptable et vouée à l’échec, car la détermination des pays de l’AES à reconquérir leur sécurité est inébranlable. Il a appelé Alger à revenir à une logique de coopération respectueuse et à s’engager dans un dialogue direct avec Bamako, dans le respect de la souveraineté et de l’intégrité territoriale du Mali.

Ibrahim Kalifa Djitteye 


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