Le mois de Ramadan est une période marquée par la spiritualité et la dévotion, mais il représente également un véritable défi pour les élèves et étudiants, qui doivent jongler entre le jeûne et leurs obligations académiques. Entre la fatigue, la baisse de concentration et l’adaptation des emplois du temps, chacun tente de trouver un équilibre pour réussir à concilier études et pratique religieuse.
Pour les étudiants, l’adaptation de l’emploi du temps est souvent cruciale. Mahamar Attaher Touré, responsable de classe, témoigne de sa démarche proactive pour mieux gérer son emploi du temps pendant le Ramadan : « J’ai négocié avec mes professeurs pour décaler les cours à 11 h. Cela permet aux étudiants de se reposer et de réviser entre 6 h et 10 h, ce qui m’aide à mieux suivre en classe. » Une organisation qui semble porter ses fruits, car elle lui permet de rester attentif et de mieux assimiler les cours.
Cependant, d’autres étudiants adoptent des stratégies différentes pour tirer parti de la nuit. Ibrahim Yalcouyé préfère réviser après 21 h, lorsque son énergie revient. Francis Koné, lui, choisit de réviser tard dans la nuit, utilisant son téléphone pour enregistrer les cours et les réécouter plus tard. Ces méthodes permettent à chacun de mieux se concentrer lorsque la fatigue du jour commence à se faire sentir.
La fatigue et la concentration en classe
La difficulté principale du Ramadan reste la baisse de concentration. Mamadou Traoré, citant un proverbe bambara « Bôrô langôlo tè djô » autrement dit, un sac vide ne se tient pas debout, confirme que l’attention devient plus difficile à partir de midi : « De 8 h à 12 h, on peut se débrouiller, mais après, c’est très dur. »
Un constat partagé par Moussa Traoré, lycéen, qui affirme que jeûner et suivre les cours n’est pas facile. « Je jeûne et je vais à l’école. Le matin ça va, mais l’après-midi, je suis souvent épuisé et j’ai du mal à suivre. Parfois, je m’endors en classe, surtout quand il fait chaud », affirme-t-il. En ce qui concerne son emploi du temps à l’école, il explique : « À l’école, on a des cours du soir d’habitude, mais pendant le Ramadan, on finit la journée à 14 h. Ça nous aide un peu car on peut rentrer tôt et se reposer avant de réviser. Je révise mes leçons après la rupture du jeûne ou tôt le matin avant de manger. Ce n’est pas facile, mais on s’adapte car le jeûne est tout aussi important ».
Pour certains, la difficulté réside non seulement dans la fatigue physique, mais aussi dans l’impact du jeûne sur l’énergie. Mariam Diarra confie : « Mon plus grand défi, c’est de ne pas pouvoir manger suffisamment après la rupture. Ça affecte directement ma concentration. Comme on dit : “Ventre affamé n’a point d’oreilles.” »
Des stratégies pour mieux gérer
Pour aider les élèves à mieux gérer leur journée, certaines écoles réorganisent les emplois du temps pendant le Ramadan, en particulier pendant la saison chaude. Ainsi, des cours du soir sont suspendus pour offrir un temps de repos aux élèves et à leurs encadreurs. M. Aliou Konaté, enseignant en secondaire, témoigne : « Nous essayons de programmer les matières les plus complexes le matin, lorsque les élèves sont encore frais. Nous évitons aussi les activités physiques intenses et suspendons les cours du soir pour leur permettre de se reposer. »
Mari Souleymane Diarra, étudiant, parle également de l’effort supplémentaire demandé pendant ce mois : « Il faut redoubler d’efforts, surtout avec les trajets entre l’université et la maison. C’est compliqué. Si on n’étudie pas sérieusement, ça devient vraiment difficile. Même si le jeûne et les études ne font pas toujours bon ménage avec notre emploi du temps chargé, on trouve des solutions. » Une résilience partagée par de nombreux étudiants qui s’habituent progressivement aux difficultés imposées par cette période.
Francis Koné explique de son côté : « En classe, la concentration est souvent affectée par le jeûne, mais on gère ça avec foi et courage. Je commence mes révisions vers 23 h, quand mon corps a eu un peu de repos. Parfois, lorsque je suis fatigué en classe, j’enregistre les cours avec mon téléphone pour les réécouter chez moi. »
Le défi des examens pendant le Ramadan
La période du Ramadan coïncide souvent avec la saison des examens, ce qui complique encore davantage l’organisation des élèves et étudiants. Mahamar Attaher Touré raconte : « Mon cas est particulier. Le week-end, je travaille à la boutique et, parfois, dès le lundi, j’ai des devoirs ou examens. La semaine prochaine, j’ai quatre examens et un devoir. Ce n’est pas simple, mais je révise dès que je peux, après la rupture ou tôt le matin. C’est dur, mais on s’adapte. »
Mariam Diarra doit également jongler entre révisions et jeûne : « Je prépare mes examens après la rupture ou avant l’aube. Certains enseignants comprennent cette situation et adaptent leurs cours pour nous aider. »
Une détermination sans faille
Malgré les défis, les élèves et étudiants relèvent le défi du Ramadan avec une grande détermination. Pour eux, il s’agit de trouver un équilibre entre leur spiritualité et leurs obligations académiques. Comme le dit Mari Souleymane Diarra : « Le jeûne est une obligation, tout comme la prière, et nous parvenons à concilier nos études et le Ramadan. La difficulté de ce mois est temporaire. Oui, parfois cela affecte notre concentration en classe, mais nous faisons de notre mieux pour gérer la situation. »
Avec organisation, résilience et volonté, les élèves et étudiants maliens parviennent à réussir à la fois leurs études et à observer ce mois particulier, une véritable preuve de leur engagement et de leur persévérance.
Cheickna Coulibaly Djénéba Yalcouyé, stagiaire
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