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Ramadan au Mali : ces commerçantes qui tiennent debout malgré tout

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Dans les marchés de Bamako, les femmes commerçantes affrontent le Ramadan avec une endurance discrète, entre travail acharné et dévouement familial.

Le mois sacré du Ramadan est une période de grande intensité pour les commerçants. Mais pour les femmes commerçantes, il représente un double défi. En plus de gérer leur commerce, elles doivent aussi s’occuper des repas pour le ftour (rupture du jeûne) et le sahur (repas de l’aube), tout en respectant leurs obligations religieuses. Entre fatigue, charge mentale et organisation rigoureuse, ces femmes font preuve d’une endurance remarquable. Mais comment parviennent-elles à concilier travail et vie familiale pendant cette période exigeante ?

Une cadence effrénée

Le Ramadan apporte son lot de défis supplémentaires pour ces femmes. Elles jonglent entre longues heures de travail, gestion des stocks, fluctuations des prix, et bien sûr, la préparation des repas familiaux. Ces conditions deviennent particulièrement éprouvantes avec la chaleur et la fatigue du jeûne, mais elles s’adaptent pour continuer à faire tourner leurs commerces.

Aïcha, vendeuse de fruits et légumes au marché, raconte son quotidien : « Le Ramadan, c’est une période intense pour moi. Je me lève à 5 h du matin pour préparer le sahur de mes enfants, puis je pars directement au marché. Les journées sont longues, sous la chaleur, sans boire ni manger. En rentrant, il faut encore préparer le ftour… C’est un vrai marathon ! »

Comme Aïcha, de nombreuses commerçantes se retrouvent à travailler des journées interminables, jonglant entre leurs responsabilités familiales et professionnelles. Le travail ne s’arrête pas au marché : il faut encore s’occuper de la maison, de la cuisine, et parfois gérer des imprévus de dernière minute.

Organisation familiale et entraide

Si ces femmes sont souvent confrontées à une charge de travail épuisante, elles peuvent heureusement compter sur l’aide de leur famille, notamment celle de leurs enfants et de proches.

Madjéné Coulibaly, pâtissière artisanale, évoque la pression accrue durant le Ramadan : « Les commandes explosent, surtout pour les gâteaux traditionnels. Je passe des heures en cuisine à préparer des gâteaux et d’autres sucreries… Parfois, je n’ai même pas le temps de préparer mon propre repas de rupture du jeûne. Heureusement, ma sœur m’aide à la maison. »

Le rôle de l’entraide familiale est primordial, surtout lorsque le travail devient accablant.
Safi Cissé, gérante d’une petite épicerie, explique : « J’ouvre ma boutique en début d’après-midi et je ferme tard, car les clients viennent juste avant le ftour ou après Tarawih. Parfois, je n’ai même pas le temps de m’asseoir pour manger tranquillement. C’est épuisant, mais c’est aussi une bonne période pour le commerce. »

Mariam Diarra, 17 ans et fille d’une commerçante, partage son point de vue : « Quand ma mère rentre du marché, elle est épuisée. Alors, après l’école, je l’aide à préparer le repas. Je fais les jus, je coupe les légumes et je mets la table. C’est ma façon de lui montrer mon soutien. »

La solidarité familiale est essentielle, et les enfants, dès leur plus jeune âge, participent à la gestion du foyer, particulièrement durant le Ramadan.

Les sacrifices d’une femme commerçante pendant le Ramadan

Les femmes commerçantes doivent faire face à une multitude de défis. En plus des longues journées de travail, l’instabilité des ventes et la hausse des prix des produits viennent ajouter une pression supplémentaire. Les imprévus sont fréquents, et la gestion de ces aléas n’est pas toujours facile, surtout lorsque le marché n’est pas aussi actif qu’espéré.

Awa Diarra, vendeuse de laitue depuis huit ans, explique : « La vraie difficulté, c’est quand les clientes ne viennent pas acheter, car cela impacte nos revenus. Mais c’est le quotidien de nombreuses femmes commerçantes pendant le Ramadan. On se débrouille malgré tout. »

Si la charge de travail est indéniablement lourde, ces femmes jouent un rôle clé dans l’économie locale. Grâce à leurs commerces, elles assurent la subsistance de leurs familles et participent activement à l’économie nationale.

Awa résume l’importance de son travail avec ces mots : « Grâce à mon travail, je paie les factures et j’assure l’éducation de mes enfants. Mon mari n’est pas toujours là financièrement, donc je dois gérer seule. C’est pour cela que j’encourage toutes les femmes à se lancer dans un métier ou un commerce, car tout travail est utile. »

Des piliers économiques invisibles

Ces commerçantes rappellent, par leur travail acharné, l’importance de soutenir et de valoriser l’activité économique des femmes. Le Ramadan est un mois où la solidarité et la résilience sont mises à l’épreuve, mais c’est aussi une période où ces femmes démontrent leur incroyable force et leur détermination.

Leurs histoires sont un appel à reconnaître et soutenir le rôle essentiel qu’elles jouent dans l’économie locale, non seulement pendant le mois sacré, mais tout au long de l’année.

Cheickna Coulibaly

Djénéba Yalcouyé, stagiaire


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