Home A la Une Qualité de l’air en Afrique : un continent à bout de souffle ?

Qualité de l’air en Afrique : un continent à bout de souffle ?

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L’Afrique est l’un des continents les plus touchés par la pollution de l’air, mais le manque de données fiables empêche une prise de conscience à grande échelle. Tandis que le Tchad domine le classement mondial des pays les plus pollués, d’autres nations restent dans l’ombre faute de surveillance. Ce rapport met en lumière les disparités et les défis liés à la qualité de l’air sur le continent et dans le monde.

Le dernier rapport mondial de Iqair sur la qualité de l’air publié en mars 2025 dresse un constat alarmant pour l’Afrique. Si la pollution atmosphérique est une menace globale, elle prend sur le continent des proportions dramatiques, exacerbées par le manque de surveillance et l’absence de politiques environnementales robustes. Entre poussières sahariennes, émissions industrielles et feux de biomasse, la situation est critique dans plusieurs pays, alors que d’autres, faute de données suffisantes, demeurent dans l’ombre.

L’Afrique en haut du classement des pays les plus pollués

Sans surprise, l’Afrique domine les classements des pays les plus pollués en 2024, avec cinq nations figurant parmi les dix premières à l’échelle mondiale. Le Tchad se hisse en tête du classement mondial, avec une concentration moyenne annuelle de PM2.5 de 91,8 µg/m³, un niveau de pollution extrême, largement supérieur aux seuils recommandés par l’Organisation mondiale de la santé (OMS).

Derrière le Tchad, la République démocratique du Congo (58,2 µg/m³), l’Ouganda (41,0 µg/m³), le Rwanda (40,8 µg/m³) et le Burundi (40,3 µg/m³) complètent ce triste palmarès. En cause, un cocktail explosif : la combustion de biomasse, les émissions industrielles et un urbanisme galopant où la pollution automobile n’est soumise à aucun contrôle strict.

Par ailleurs, le Burkina Faso, autrefois parmi les pays les plus pollués, ne figure pas dans le rapport 2024, faute de données suffisantes. L’absence de suivi et de stations de mesure illustre l’un des grands problèmes du continent. Un manque criant d’infrastructures de surveillance de la qualité de l’air.

L’Afrique oubliée, des pays absents du rapport

Le rapport souligne une lacune inquiétante. De nombreux pays africains n’ont pas pu être inclus faute de données fiables. En 2023, Burkina Faso, Maurice et Angola avaient été intégrés à l’étude ; en 2024, ils ont disparu faute de capteurs en fonctionnement.

Cette absence de suivi pose un double problème. D’une part, elle empêche une prise de conscience sur l’impact de la pollution dans ces pays. D’autre part, elle prive les populations et les décideurs d’outils nécessaires pour agir, alors même que les maladies respiratoires liées à la pollution explosent en Afrique subsaharienne.

Les pays les moins pollués, l’Afrique à deux vitesses

Si le continent est largement affecté par la pollution de l’air, certains pays se distinguent par une meilleure qualité de l’air. L’Afrique du Sud (18,8 µg/m³), bien qu’encore au-dessus des seuils de l’OMS, figure parmi les pays africains où l’air est relativement moins vicié.

En 2023, Maurice et Angola affichaient les taux de pollution les plus bas du continent, mais faute de données actualisées, il est impossible de confirmer cette tendance en 2024.

À l’échelle mondiale, le Tchad reste le pays le plus pollué, suivi par des nations comme l’Inde et le Pakistan, où la pollution industrielle et les feux de forêts contribuent à des niveaux alarmants.

À l’autre extrémité du spectre, les pays les moins pollués se trouvent en Océanie et en Europe du Nord. La Nouvelle-Zélande, l’Islande et la Finlande figurent parmi les rares nations respectant les recommandations de l’OMS, avec des niveaux de PM2.5 inférieurs à 5 µg/m³.

Vers une prise de conscience africaine ?

Face à ce constat, la question demeure : l’Afrique va-t-elle se doter d’une véritable politique de surveillance et de lutte contre la pollution atmosphérique ? Si l’augmentation des capteurs indépendants est encourageante — 67 % des données du continent proviennent de sources non gouvernementales en 2024, contre 42 % en 2023 —, les États doivent prendre le relai pour structurer une réponse efficace.

En attendant, les populations restent les premières victimes d’un fléau invisible, mais mortel, qui continue d’empoisonner l’air qu’elles respirent au quotidien.

F. Togola 


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