Accueil » Blog » Arts et Culture » Protection sociale : la culture malienne sort de l’ombre avec l’AVOC

Protection sociale : la culture malienne sort de l’ombre avec l’AVOC

0 comments 94 views 4 minutes read

Ce mercredi 23 avril 2025, le Centre International de Conférences de Bamako (CICB) a servi de cadre au lancement officiel de l’Assurance Volontaire pour la Culture (AVOC), une initiative conjointe du ministère de l’Artisanat, de la Culture, de l’Industrie hôtelière et du Tourisme et du ministère de la Santé et du Développement social. À travers ce programme, les autorités maliennes entendent renforcer l’inclusion sociale des travailleurs du secteur culturel, longtemps marginalisés par les systèmes classiques de sécurité sociale.

La cérémonie, présidée par les deux ministres en charge du projet, en présence de celui de la Communication, de l’Économie numérique et de la Modernisation de l’administration, M. Alhamdou Ag Ilyène, s’inscrit dans la dynamique de l’Année de la Culture, proclamée par le président de la Transition, le général d’armée Assimi Goïta. Ce choix historique vise à valoriser les métiers de la culture et de l’artisanat, tout en assurant une meilleure couverture sociale à leurs acteurs. Ainsi, l’AVOC constitue une réponse concrète aux attentes d’un secteur vital mais trop souvent exposé à la précarité.

L’AVOC, une réponse sociale forte aux défis du secteur culturel

Le ministre Mamou Daffé, en charge de la Culture, a rappelé dans son discours que cette nouvelle assurance est « une réponse forte et structurante pour améliorer les conditions de vie des artistes, artisans et professionnels du tourisme ». Il a salué le soutien du ministère de la Santé, dont les services techniques, notamment l’Institut National de Prévoyance Sociale (INPS), ont été pleinement mobilisés pour accompagner la mise en œuvre de l’initiative. Pour lui, l’AVOC est bien plus qu’une simple couverture, elle représente le socle de la dignité pour ceux qui animent, créent et inspirent le pays.

La ministre de la Santé et du Développement social, le médecin-colonel Assa Badiallo Touré, a, quant à elle, dressé un état des lieux sans complaisance du système de protection sociale au Mali. Selon elle, la couverture actuelle des travailleurs du secteur informel reste extrêmement faible autour de 5 %, alors que ces derniers représentent une part significative de la population active.

Des contraintes majeures à surmonter pour une couverture élargie

Parmi les principales difficultés évoquées par la ministre figurent les coûts administratifs élevés, la faible qualité des prestations, le mauvais ciblage des bénéficiaires dans certains programmes, ainsi que des défis persistants de financement. Ce diagnostic met en lumière l’urgence d’élargir l’accès aux mécanismes de sécurité sociale pour les catégories vulnérables, notamment dans les secteurs informels, culturel et artisanal.

Face à ces défis, l’AVOC se présente comme une bouffée d’oxygène pour les travailleurs culturels. Ce régime d’assurance volontaire permet notamment aux bénéficiaires de jouir d’une couverture médicale (Assurance Maladie Obligatoire – AMO), de recevoir des allocations familiales, et d’avoir droit à une pension de retraite.

Une couverture sociale souple et adaptée aux réalités du terrain

L’un des atouts majeurs du programme réside dans la réduction de moitié du montant des cotisations, la possibilité de les payer tous les quatre mois au lieu de trois, ainsi qu’une flexibilité de paiement via des services mobiles, adaptés aux réalités de terrain. Cette souplesse est pensée pour s’ajuster aux revenus irréguliers de bon nombre de professionnels de la culture.

Une innovation notable de ce projet est que les enfants d’artistes ou d’artisans peuvent désormais enrôler leurs parents, même âgés de plus de 45 ans, afin de leur faire bénéficier de l’Assurance Maladie Obligatoire. Cette mesure traduit une volonté claire d’élargir la couverture sociale aux générations les plus vulnérables, dans un esprit de solidarité familiale et nationale.

Un pari sur l’avenir et la dignité des travailleurs culturels

Les autorités espèrent ainsi impulser une nouvelle dynamique autour de l’assurance volontaire, en s’appuyant sur des campagnes ciblées d’information, de sensibilisation et sur la digitalisation des services. Il s’agit, à terme, de construire un système plus inclusif, plus efficace, et surtout plus humain.

Avec l’AVOC, c’est un véritable tournant social qui s’opère au Mali. Le monde de la culture, longtemps laissé pour compte, trouve enfin la reconnaissance institutionnelle et la protection dont il avait cruellement besoin. En posant cette première pierre, le gouvernement envoie un signal fort : l’artiste, l’artisan et l’acteur du tourisme sont désormais au cœur du projet de refondation nationale.

Ibrahim Kalifa Djitteye 


En savoir plus sur Sahel Tribune

Subscribe to get the latest posts sent to your email.

Veuillez laisser un petit commentaire pour nous encourager dans notre dynamique !

A propos

Sahel Tribune est un site indépendant d’informations, d’analyses et d’enquêtes sur les actualités brûlantes du Sahel. Il a été initialement créé en 2020, au Mali, sous le nom Phileingora…

derniers articles

Newsletter

© 2023 Sahel Tribune. Tous droits réservés. Design by Sanawa Corporate

En savoir plus sur Sahel Tribune

Abonnez-vous pour poursuivre la lecture et avoir accès à l’ensemble des archives.

Poursuivre la lecture