Le ramadan est un mois sacré pour les musulmans du monde entier, et au Mali, il est marqué par des traditions culinaires riches et variées. Dans les foyers maliens, la rupture du jeûne, appelée « sountikai » est un moment de partage et de convivialité où des mets savoureux et nourrissants sont préparés avec soin.
Pendant le mois de ramadan, au coucher du soleil, les familles maliennes commencent généralement par rompre le jeûne avec des dattes et de l’eau, suivant la tradition prophétique. Ensuite, un porridge de mil ou de maïs, appelé « moni » ou « bouilli de mil », est souvent servi. Ce plat, légèrement sucré et parfois agrémenté de lait, permet de redonner rapidement de l’énergie après une longue journée de jeûne.
Kadia Coulibaly témoigne : « Chez nous, nous faisons la rupture avec de la bouillie de mil, du kinkeliba, des dattes, des beignets et des galettes. Nous préparons un peu de tout pour que chacun puisse choisir ce qu’il veut. Notre spécialité, c’est le couscous de mil, un plat traditionnel transmis de génération en génération. Pour le rendre encore plus savoureux, parfois nous changeons de sauce tantôt c’est la sauce à base d’oignons, sauce à de feuilles vertes ou sauce de pattes ou poudres d’arachides. »
Aïcha Pléa, de son côté, ajoute : « Notre rupture du jeûne commence toujours par la bouillie de mil, le café noir et des beignets. Notre spécialité, c’est le tô, préparé avec du maïs, du mil ou du sorgho. Il est souvent accompagné de soupe de poisson, de viande ou de poulet. Pour la sauce, nous utilisons de la poudre de gombo et des condiments variés comme le poisson séché et les légumes. »
Des plats copieux pour reprendre des forces
Si la rupture du jeûne commence en douceur avec des mets légers, elle se poursuit avec des plats plus consistants qui permettent de recharger les forces après une longue journée de privation. La cuisine malienne regorge de recettes savoureuses et nutritives, transmises de génération en génération et adaptées aux besoins énergétiques du ramadan. Après cette première collation, place aux plats plus consistants. Parmi les incontournables, on retrouve : le riz gras, le tô, le haricot, les beignets de haricot, le jus de gingembre et le jus de bissap. Ces boissons rafraîchissantes sont essentielles pour s’hydrater et accompagner les plats.
Nana Traoré partage son expérience : « Le café noir et le jus de bissap sont les éléments primaires pour notre rupture. Parfois, nous préparons des sandwichs composés de salade, de pain, de frites et de viande sautée. Notre spécialité, c’est le poisson : bien mariné et grillé, il est toujours très apprécié. Pour la soupe de poisson, que nous réservons souvent aux anciens de la famille, nous utilisons des oignons, des légumes et un peu de piment pour relever le goût. »
Une touche de modernité dans les cuisines familiales
Si les plats traditionnels dominent les repas du ramadan, certaines familles intègrent aussi des recettes plus modernes. Kadia Coulibaly confie : « Le plat moderne que je cuisine, c’est la pizza. Je prends mes recettes sur YouTube ou TikTok pour varier les plaisirs. » De son côté, Nana Traoré apprécie les nems : « Tant qu’on a la pâte, on peut les garnir avec de la viande et des condiments, puis les rouler et les frire. Nous les accompagnons de salade et de frites. »
La dimension sociale et spirituelle du ramadan
Le ramadan est un moment de forte cohésion sociale, aussi bien au sein des familles que dans la communauté. Fatoumata Traoré, gérante du restaurant « La Lumière de Bamako », explique : « Notre restaurant se transforme pour répondre aux attentes des familles et des communautés qui rompent le jeûne ensemble. Nous avons élaboré un menu spécial mettant en avant des plats traditionnels comme le riz au gras, le tô et des soupes. Ce mois sacré renforce notre engagement à offrir non seulement une expérience gustative authentique, mais aussi un espace de partage et de solidarité. »
Enfin, Abdoulaye Diarra, mari et chef de famille, résume l’importance du repas du soir : « Pour moi, la rupture du jeûne, ce n’est pas juste manger, c’est savourer ! Après une longue journée sans rien avaler, je veux me faire plaisir avec des plats bien préparés. J’aime quand ma femme nous prépare un bon poulet, du poisson ou même des beignets croustillants. C’est le moment où je prends vraiment le temps de déguster chaque bouchée, et franchement, ça donne encore plus de sens au ramadan. »
Le ramadan au Mali est bien plus qu’un simple mois de jeûne : c’est un moment de solidarité, de générosité et de partage, où la cuisine occupe une place centrale.
Cheickna Coulibaly,
Djénéba Yalcouyé, stagiaire
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