Ibrahim Maïga est ancien chercheur à l’Institut des études de sécurité — ISS, ancien Conseiller spécial à la primature du Mali. Suite aux nombreuses réactions qu’ont suscité les récentes révélations de nos confrères de Reuteurs, annonçant un éventuel accord entre le gouvernement de la transition malienne et des mercenaires russes du groupe Wagner, l’expert des questions de sécurité et de gouvernance, auteur de Répondre à l’insécurité dans le Liptako-Gourma, prend la parole et estime « qu’il y a aujourd’hui une urgence à travailler à l’émergence d’une intelligence collective ».
Depuis la publication, le 13 septembre dernier, par un média international d’une information faisant état d’éventuels pourparlers entre le gouvernement malien et la société privée de sécurité Wagner, le temps s’est comme arrêté à Bamako. La toile s’est rapidement enflammée. Les arguments simplistes ont fait leur grand retour et ont vite trouvé preneurs. La dichotomie artificielle entre les pro et anti a refait surface.
L’agitation voire l’hystérie qui a gagné un certain nombre d’acteurs aussi bien en Europe qu’au Mali illustre la complexité des relations que notre pays entretient avec ses partenaires occidentaux. Alors que le constat d’une décennie d’interventionnisme militaire « occidental » sans grands résultats semble largement partagé, les causes de cet enlisement et les solutions pour en sortir sont loin de faire consensus. On assiste même à un dialogue de sourds et à un véritable jeu de Ping pong entre les différentes parties.
« La réflexion, c’est aussi de l’action »
Pourtant, s’il y a bien un domaine où la comparaison entre la situation du Mali et celle de l’Afghanistan, toutes proportions gardées, est permise, c’est celui de la contre-insurrection. En effet, par deux fois les Taliban ont démontré l’extrême difficulté à gagner en contre-insurrection. Vaincre son adversaire dans une telle situation n’est pas qu’une question de nombre, d’armement ou d’équipement. C’est aussi et surtout la connaissance de l’environnement, des hommes et femmes qui y vivent ainsi que des symboles et des interdits.
Ce n’est donc pas un ou plusieurs milliers d’hommes super entraînés et super équipés qui parviendront à neutraliser les groupes qui sèment la terreur dans notre pays.
Beaucoup de choses ont déjà été dites sur la nécessité de mettre l’outil sécuritaire au service d’une approche politique. Je rajouterai qu’il y a aujourd’hui une urgence à travailler à l’émergence d’une intelligence collective. L’importance des enjeux commande une vigilance de tous les instants. La réflexion, c’est aussi de l’action !
Ibrahim Maïga
Cet article a été initialement publié sur le compte facebook de son auteur, sous le titre de Mali : plus ça change, plus c’est pareil ? . Vous pouvez lire l’article intégral de nos confrères de Reteurs : EXCLUSIVE Deal allowing Russian mercenaires into Mali is close – Sources (Exclusif Un accord autorisant des mercenaires russes à entrer au Mali est proche – Sources).
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