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Niger : un accord financier et des perspectives économiques prometteuses sous surveillance

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Le Niger, soutenu par un décaissement de 43 millions de dollars du FMI, mise sur sa croissance pétrolière et ses efforts climatiques pour consolider une économie prometteuse, mais fragile.

Le Niger fait aujourd’hui figure de modèle économique en Afrique de l’Ouest, avec une croissance économique fulgurante et un accord fraîchement scellé avec le Fonds monétaire international (FMI). Ce lundi 11 novembre, une délégation du FMI a conclu un accord de décaissement de 43 millions de dollars en faveur du pays, saluant les bonnes performances de son économie. Pour le Niger, cette aide représente un levier financier important, offrant à la fois une bouffée d’oxygène pour ses finances publiques et une impulsion pour ses efforts en matière d’adaptation climatique. Cependant, malgré ces avancées, des défis subsistent, notamment en matière de sécurité et de transparence budgétaire.

Un soutien financier crucial en deux volets

Les 43 millions de dollars (soit 26 576 233 291 FCFA) alloués par le FMI proviennent des Droits de tirages spéciaux (DTS), un mécanisme d’aide internationale mis en place pour soutenir les économies des pays en développement face aux crises récentes, notamment la pandémie de Covid-19. Cette somme est divisée en deux enveloppes distinctes. La première, d’un montant de 17 millions de dollars (soit 10 506 882 929 FCFA), sera injectée dans les finances publiques afin de stabiliser l’économie nigérienne et de renforcer sa résilience économique. La seconde enveloppe, plus conséquente, s’élève à 26 millions de dollars (soit 16 070 105 220 FCFA) et est spécifiquement dédiée aux efforts d’adaptation climatique, un domaine crucial pour le Niger, durement touché par des phénomènes climatiques extrêmes.

Ce soutien financier arrive à un moment opportun pour le Niger, qui cherche à consolider ses acquis économiques et à renforcer sa stabilité. Le FMI a justifié cet accord en mettant en avant la croissance « impressionnante » du Niger, avec un Produit Intérieur Brut (PIB) projeté à 8,8 % pour l’année 2024. Cette performance remarquable repose sur trois facteurs clés : l’essor des exportations de pétrole, une saison agricole globalement favorable malgré des inondations, et la levée des sanctions économiques imposées par la CEDEAO après le coup d’État militaire de juillet 2023.

Les moteurs de la croissance : pétrole, agriculture et levée des sanctions

Devenu exportateur de pétrole en 2024, le Niger a bénéficié d’un afflux de devises étrangères et d’un renforcement de ses recettes fiscales, dynamisant ainsi son économie. Ce statut d’exportateur pétrolier a permis au pays de diversifier ses sources de revenus, un atout essentiel pour une économie qui reste vulnérable aux chocs externes. Parallèlement, la saison agricole s’est révélée globalement positive, malgré quelques épisodes d’inondations, permettant de soutenir la sécurité alimentaire et de stabiliser le secteur agricole, essentiel pour la population.

L’allègement des sanctions de la CEDEAO a également joué un rôle crucial. Imposées à la suite du coup d’État contre le président Mohamed Bazoum en juillet 2023, ces sanctions avaient isolé économiquement le Niger, freinant ses échanges commerciaux et augmentant la pression sur ses finances publiques. Avec la levée de ces restrictions, l’économie nigérienne a retrouvé un accès aux marchés régionaux, stimulant ainsi la reprise économique. Cette conjonction de facteurs a consolidé la position du Niger sur la scène régionale, lui permettant de renouer avec la croissance et d’attirer l’attention d’organisations internationales comme le FMI.

Des perspectives encourageantes, mais fragiles

Si les projections économiques du FMI pour 2025 sont encourageantes, avec un taux de croissance anticipé à 7,9 % et une inflation en recul, ces prévisions demeurent fragiles. En effet, la situation sécuritaire du Niger, marquée par des menaces terroristes et des tensions internes, pourrait rapidement compromettre ces perspectives. La sécurité reste un enjeu majeur, notamment dans les régions frontalières avec le Mali et le Burkina Faso, où la présence de groupes armés met en péril la stabilité du pays. Ce contexte rend l’économie vulnérable aux perturbations, d’autant plus que les dépenses militaires mobilisent une part importante du budget de l’État, réduisant ainsi les ressources disponibles pour d’autres secteurs clés.

Le FMI a également relevé des faiblesses dans la gestion budgétaire du pays. Bien que des progrès aient été accomplis dans la lutte contre la corruption, l’institution internationale insiste sur la nécessité d’une transparence accrue dans les finances publiques. Une meilleure gestion budgétaire pourrait non seulement renforcer la crédibilité du gouvernement, mais aussi favoriser l’investissement étranger, essentiel pour soutenir une croissance durable. L’accès à des financements extérieurs dépendra en grande partie des efforts du Niger pour instaurer une rigueur budgétaire et améliorer la gouvernance de ses ressources.

L’enjeu climatique : un défi de taille pour le Niger

L’autre volet de l’accord, dédié à l’adaptation climatique, revêt une importance particulière pour le Niger. Pays sahélien particulièrement exposé aux effets du changement climatique, le Niger fait face à des phénomènes météorologiques extrêmes, tels que les sécheresses et les inondations, qui impactent lourdement son agriculture et ses infrastructures. Le financement de 26 millions de dollars (soit 16 070 105 220 FCFA) devrait permettre d’investir dans des projets visant à renforcer la résilience du pays face à ces défis climatiques. Il pourrait s’agir d’améliorer les systèmes de gestion de l’eau, de développer des infrastructures résistantes aux intempéries ou de promouvoir des pratiques agricoles durables.

Ce soutien du FMI reflète une prise de conscience croissante des institutions internationales quant aux défis uniques auxquels les pays sahéliens sont confrontés. En investissant dans l’adaptation climatique, le Niger pourra mieux se préparer aux impacts à long terme du changement climatique, tout en protégeant les moyens de subsistance de sa population rurale.

Pour le Niger, l’enjeu est donc double : maintenir la confiance des investisseurs internationaux en prouvant sa capacité à gérer de manière transparente les ressources publiques, tout en poursuivant les efforts pour assurer la sécurité intérieure. Ce fragile équilibre sera déterminant pour transformer le potentiel économique actuel du pays en une prospérité durable.

Chiencoro Diarra 


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