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Monnaies africaines : incarnent-elles un signe de souveraineté ?

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La monnaie joue un rôle important dans les échanges entre particuliers et entre pays. Disposer de sa propre monnaie pour un pays est un signe de souveraineté. Il l’est encore quand cette monnaie est fabriquée par le pays et a une valeur sur le plan international. Les pays africains sont-ils dans ce cas ? 

Les spécialistes en la matière soulignent que la valeur d’une monnaie est fortement adossée à la quantité de réserves naturelles, surtout minérales, d’un pays. Et que ce sont ces réserves qui peuvent permettre à un pays d’en créer. Ils ajoutent, aussi, que ces réserves constituent une garantie pour la monnaie sur le plan international. 

Les pays africains, dans leur grande majorité, regorgent d’immenses ressources de ce genre. Pourtant aucune de leur monnaie n’a de la valeur sur le plan des échanges commerciaux internationaux. Pire, la plupart d’entre eux battent leur monnaie en dehors du continent. Les quelques pays qui en font chez eux, ont recours à l’expertise étrangère pour des raisons de qualité. 

Les pays africains qui ont leurs propres imprimeries monétaires 

Ils sont au nombre de neuf (9). Il s’agit du Maroc, de l’Algérie, de l’Égypte, du Soudan, du Ghana, du Nigéria, de la République Démocratique du Congo (RDC), du Kenya, et de l’Afrique du Sud. Cependant, la plupart de ces 9 pays font fabriquer certains billets à l’étranger. Le Ghana et le Nigeria le font en Grande-Bretagne. La RDC fait appel à l’Argentine, à l’Australie ou à l’Allemagne.

Quant à l’Algérie, elle commande de l’étranger le papier d’impression avec tous les signes de sécurité et son imprimerie ajoute des motifs. Ces signes de sécurité tout comme les encres spéciales ou les machines sont toutes importés de la Suisse et de l’Allemagne, celles-ci étant quasiment les seuls fabricants au monde pour ce qui est des machines. Le Liberia fait fabriquer l’essentiel de ses billets aux États-Unis d’Amérique, mais recourt aussi à la Grande-Bretagne. La Namibie, aussi, recourt à plusieurs imprimeurs de par le monde.

Les pays dont les monnaies sont battues à l’étranger 

Dix-sept (17) le font au Royaume Uni, dix-neuf (19) en France, et six (6) en Allemagne.  Les dix-sept (17) pays concernés sont : l’Angola, le Botswana, le Cap-Vert, l’Éthiopie, la Gambie, la Guinée, le Lesotho, la Libye, le Malawi, l’île Maurice, le Mozambique, l’Ouganda, le Rwanda, Sao Tomé, les Seychelles, la Sierra-Leone et la Tanzanie.  Les dix-neuf (19) qui le font en France sont les 14 pays de la zone CFA plus la Tunisie, les îles Comores, Madagascar, la Namibie et la Zambie. 

Les 14 pays de zone CFA sont le Bénin, le Burkina, la Côte d’Ivoire, le Sénégal, le Niger, le Mali, la Guinée-Bissau, le Togo, le Cameroun, le Tchad, le Gabon, le Congo-Brazzaville, la Guinée équatoriale, la Centrafrique.  Les six (6) qui le font en Allemagne sont : l’Érythrée, la Mauritanie, le Soudan, l’Eswatini (ex Swaziland), la Tanzanie et la Zambie.

Que valent ces monnaies sur le plan international ?  Le cas du franc CFA

C’est la monnaie commune à quatorze (14) pays africains peuplés par plus de 180 millions de personnes. D’après une publication de Harouna Niang, ancien ministre malien de l’Industrie et du Commerce, c’est une monnaie sous tutelle : le franc CFA est arrimé à l’euro à un taux fixe. Ce qui limite la capacité des pays utilisateurs à ajuster leur monnaie selon leurs besoins économiques ; une partie des réserves de change (50 %, anciennement 100 %) doit être déposée auprès du Trésor français, ce qui réduit la souveraineté monétaire ; les décisions de politique monétaire sont fortement influencées par la France, bien que ce soit une monnaie censée être africaine. 

Niang souligne que le franc CFA est arrimé à l’euro à un taux fixe, ce qui limite la capacité des pays utilisateurs à ajuster leur monnaie selon leurs besoins économiques. Une partie des réserves de change (50 %, anciennement 100 %) doit être déposée auprès du Trésor français, ce qui réduit la souveraineté monétaire. Les décisions de politique monétaire sont fortement influencées par la France, bien que ce soit une monnaie censée être africaine. 

Le franc CFA, selon l’ancien ministre, est un frein à la compétitivité et à l’investissement productif : le taux de change fixe rend les exportations africaines peu compétitives sur le marché mondial ; l’accès au crédit reste limité, avec des taux d’intérêt très élevés (souvent supérieurs à 7-8 %) pour les PME locales ; la politique monétaire est conçue pour lutter contre l’inflation plutôt que pour stimuler la production locale ou l’emploi.

Du chemin à faire pour sortir de la dépendance monétaire

Au regard de ce constat, on peut dire que les pays africains ont du chemin à faire pour sortir de la dépendance monétaire. Ils ne peuvent, en aucun cas, revendiquer une souveraineté totale tant que leurs monnaies ne représentent pas une grande valeur dans les échanges commerciaux internationaux. 

A rappeler que la monnaie remplit, traditionnellement, trois fonctions : moyen d’échange, unité de compte réserve de valeur. En tant que moyen d’échange, la monnaie permet de régler des transactions commerciales ou entre particuliers. Elle peut être échangée contre des biens ou des services. Elle possède un pouvoir libératoire immédiat. En sa qualité d’unité de compte, elle permet d’établir les prix grâce à une unité reconnaissable et acceptée par tous. Elle permet de comparer la valeur relative de biens et de services. Et, en tant que réserve de valeur, elle peut être épargnée et utilisée pour conserver ou transmettre à travers le temps.

Sidi Modibo Coulibaly


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