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Mamadi Doumbouya : l’ambition sans frein d’un autocrate en uniforme

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Mamadi Doumbouya, président de la transition guinéenne, vient de s’élever au rang de général d’armée, une autopromotion marquée par des distinctions qu’il s’est lui-même octroyées. Cette décision, critiquée par beaucoup, soulève des comparaisons peu flatteuses et alimente les débats sur les dérives autoritaires et l’égocentrisme de certains dirigeants africains.

Le 66e anniversaire des forces armées guinéennes aurait dû être une célébration sobre et un hommage à ceux qui défendent le pays au péril de leur vie. Pourtant, Mamadi Doumbouya, président de la transition et chef du CNRD, a choisi d’en faire un théâtre grandiose à sa propre gloire. En s’auto-promouvant au grade de général d’armée par décret présidentiel, il ne fait pas seulement preuve d’un narcissisme militaire sans bornes, mais il s’arroge également un pouvoir sans contestation, glissant de plus en plus vers l’image des autocrates d’antan.

Doumbouya en quête de grandeur personnelle

Ce n’est pas la première fois que le leader guinéen, ancien colonel et acteur du coup d’État de septembre 2021, se sert de l’appareil militaire pour gonfler son ego. En janvier 2024, il s’était déjà attribué le grade de général de corps d’armée, sautant allègrement les échelons intermédiaires de général de brigade et de division. Aujourd’hui, à 43 ans, le voilà général d’armée, à la tête d’une cérémonie où, sans sourciller, il se décore lui-même de la Croix de guerre et se hisse à la dignité de Grand-croix dans l’ordre national du colatier, la plus haute distinction guinéenne. Une farce, diront certains, un simulacre de mérite, diront d’autres.

Les internautes guinéens ne se privent pas de souligner l’ironie mordante de ces promotions. Les comparaisons pleuvent, et elles ne sont guère flatteuses : Doumbouya est évoqué dans le même souffle que Mobutu Sese Seko, l’homme qui s’était bardé de médailles et d’uniformes resplendissants, et Jean-Bedel Bokassa, l’empereur autoproclamé de la République centrafricaine. Ces deux figures, tristement célèbres pour leur mégalomanie, semblent désormais être les modèles implicites d’un Doumbouya en quête de grandeur personnelle.

Doumbouya contraste avec l’exemple plus mesuré des colonels maliens

Pendant ce temps, la société civile guinéenne reste divisée. Certains trouvent des justifications à ces élévations militaires, parlant de nécessité pour affirmer l’autorité et garantir la stabilité du pays. D’autres, plus lucides, voient clair dans le jeu : un spectacle coûteux et grotesque qui détourne l’attention des véritables problèmes que la Guinée affronte. La pauvreté, le chômage, et une gouvernance en berne nécessiteraient des réformes concrètes et des actions décisives, pas des parades militaires de pacotille.

Cette dérive autocratique de Doumbouya contraste fortement avec l’exemple plus mesuré des colonels maliens de la transition, qui, en octobre 2024, ont été promus au grade de général. Là, il ne s’agissait pas d’une simple mascarade d’auto-congratulation, mais d’une reconnaissance collective, inscrite dans un contexte de transition complexe et de lutte pour la stabilité et la sécurité nationale. On peut certes critiquer l’opportunité ou la légitimité de ces promotions, mais elles n’ont pas atteint ce niveau d’auto-célébration ostentatoire.

Mamadi Doumboumya, le colosse aux pieds d’argile

Mamadi Doumbouya semble oublier que la légitimité d’un leader ne se mesure pas au nombre de médailles qu’il s’accorde, mais à la confiance de son peuple et à la solidité de ses actions pour l’avenir du pays. L’autopromotion sans vergogne envoie un message clair : celui d’un pouvoir centré sur lui-même, détaché des préoccupations de la population. Une telle conduite ne peut qu’aggraver le fossé entre le pouvoir et le peuple, un peuple qui observe avec amertume un président se hisser sur les marches de la gloire militaire pendant que la nation attend des solutions et non des titres en or et velours.

En se promouvant à répétition, Mamadi Doumbouya n’a pas seulement dévalué les grades militaires et les distinctions honorifiques ; il a montré que le pouvoir, pour lui, n’est qu’un tremplin pour satisfaire un désir personnel d’apparaître comme un géant, même si cela signifie devenir un colosse aux pieds d’argile. Le peuple guinéen mérite mieux qu’un dirigeant enivré par le prestige et la fanfare. L’histoire jugera sévèrement ceux qui oublient que la vraie grandeur réside dans le service désintéressé et non dans la quête effrénée de la gloire personnelle.

Oumarou Fomba 


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