Le Conseil supérieur de la défense s’est réuni le 8 mai 2020 sous la présidence de Ibrahim Boubacar Keïta, président de la République malienne. A cette occasion, il a été décidé de lever le couvre-feu, de maintenir les écoles fermées jusqu’au 2 juin 2020 et de porter obligatoirement le masque dans les lieux publics.
Malgré près de 700 cas positifs de malades à covid_19 confirmés au Mali, le chef de gouvernement malien, Dr Boubou Cissé a annoncé la levée du couvre-feu à partir de ce samedi 9 mai 2020. Une information issue du Conseil supérieur de la défense qui s’est réuni le vendredi 8 mai 2020.
Victoire de la rue
Cette levée du couvre-feu intervient après plusieurs manifestations contre ce dispositif qui était devenu pour les citoyens trop encombrant. Selon des citoyens, la principale source de leur dégoût vient de la répression policière, même si cette répression est niée par la police nationale. En plus de ce paramètre, il convient de noter les coupures intempestives d’électricité en cette période de canicule. Beaucoup disent impossible de rester chez soi dans la chaleur. Ainsi, depuis quelques semaines, dans plusieurs régions et communes du Mali, des manifestations sporadiques se sont multipliées pour demander la levée de ce couvre-feu.
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Toutefois, cette levée du couvre-feu qui a été finalement acceptée par les autorités maliennes ne sera pas sans conséquence néfaste. Des bars pourront s’ouvrir pour offrir des services aux clients, puisque plus de motifs de crainte. Cette situation pourrait contribuer à l’aggravation de la pandémie dans le pays.
Le laxisme des autorités
Cette levée du couvre-feu par le Conseil supérieur de la défense, après avoir reconnu que le Covid_19 progresse au Mali et fait des ravages, est la preuve du laxisme des autorités maliennes. Oui, le même comportement qui est à la base de la révolte des citoyens. Car, comment comprendre qu’en pleine lutte contre le Coronavirus, les autorités puissent tenir les élections législatives ? Outre cela, dans la quasi-totalité des pays en guerre contre cette maladie, les lieux de culte ont été fermés, mais au Mali, le chef de l’État continue à soutenir qu’il laisse le soin aux leaders religieux de décider de la fermeture ou non des mosquées. Ce qui prouve que dans ce pays, la politique de deux poids deux mesures est en pleine effervescence.
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Trop de paradoxes
Le paradoxe dans cette décision du Conseil supérieur de la défense est le maintien de la fermeture des écoles jusqu’au 2 juin 2020. Du moment où on a levé le couvre-feu, refusé de fermer les mosquées, pourquoi ne pas ouvrir les écoles ? En toute honnêteté, dans ce laxisme, le combat contre le Covid_19 risque d’être rude. Car, sans mesure drastique, même le port du masque dans les lieux publics ne sera pas respecté. Nous savons comment les mesures du ministre des Transports et de la Mobilité urbaine pour la prévention du covid-19 dans le domaine des transports sont mises en œuvre. Aucune des mesures dans ce domaine n’est respectée à ce jour.
Il est temps que les autorités maliennes comprennent qu’il ne suffit point de jeter les mesures sur papier. Sans réussir à appliquer les décisions prises ou à les respecter, c’est comme si on remuait juste nos langues sans rien dire.
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Rappelons que dans la plupart des pays qui ont cédé face à la pression sociale, les cas positifs sont allés crescendo. Prions que cela ne soit pas le cas pour le Mali !
TOGOLA
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