Le Mali se dirige inexorablement vers la souveraineté alimentaire. D’année en année, la production alimentaire augmente. La production céréalière, qui était de 11 010 851 tonnes en 2024, est passée à 11 452 540 tonnes en 2025 ; la viande contrôlée est passée de 96 750 tonnes à 100 690 tonnes. La production de poisson n’est pas restée en marge de cette progression.
En effet, au cours des trente (30) dernières années, force est de constater la réduction considérable du volume de captures annuelles de poissons. Une réduction due à la sécheresse, aux changements hydrologiques, à la dégradation des écosystèmes aquatiques et des terres, ainsi qu’au dragage des cours d’eau pour la recherche de l’or.
D’autres contraintes ont également contribué à cette situation. Il s’agit de la faiblesse des capacités des acteurs étatiques et non étatiques de la filière poisson, de l’insuffisance de crédit en faveur des investisseurs privés, du manque d’une politique foncière définissant un cadre légal pour l’accès à la terre et aux plans d’eau, ainsi que de la faiblesse de la recherche dans le domaine de la pêche et de l’aquaculture. Face à cette situation, le gouvernement a adopté une politique de développement du sous-secteur de la pêche et de l’aquaculture.
Une politique ayant produit des résultats positifs
Dans le cadre de cette politique, le gouvernement a développé une stratégie visant notamment la rationalisation des pêches et le développement de la pisciculture sous toutes ses formes : pisciculture artisanale dans les mares et en étangs, la rizipisciculture et la pisciculture de type intensif dans les structures hors sol comme les cages flottantes rectangulaires et circulaires de grandes capacités.
Ainsi, il a pu réaliser la mise en place d’unités artisanales de fabrication de glace au marché central à poisson de Bamako, faire des dons de tonnes d’aliments pour poissons aux producteurs, doter les acteurs de caisses isothermes et remettre des congélateurs pour la conservation du poisson frais aux maraîchères.
En outre, la stratégie a permis de créer des structures de formation dédiées à la pêche et à l’aquaculture. Il s’agit de nouvelles filières au sein de l’IPR-IFRA (Institut Polytechnique Rural – Institut de Formation et de Recherche Appliquée) et de l’Université de Ségou, mais aussi de la création de l’Université de Sikasso, du Centre de Formation Pratique en Aquaculture (CFPA) de Molodo (Niono) et d’autres établissements du secteur privé. Elle a également permis l’adoption et la mise en œuvre des politiques des sous-secteurs élevage et pêche à travers différents programmes et projets, aussi bien pour l’élevage que pour la pêche et l’aquaculture, ainsi que l’appui à l’investissement de plus en plus important des organisations professionnelles et des particuliers.
La combinaison de ces différentes initiatives a débouché sur l’obtention de résultats supérieurs à ceux de l’année dernière. Ainsi, pour l’année 2025, il a été produit 113 343 tonnes de poissons capturés et 7 039 tonnes de poissons issus de la pisciculture, soit un total de 120 382 tonnes. En 2024, la production était de 104 178 tonnes de poissons capturés et 9 040 tonnes de poissons de pisciculture, soit un total de 113 218 tonnes.
Le Mali dispose d’un important potentiel halieutique
Avec un nombre important de plaines (mares, lacs, bancotières), sans compter les grands fleuves et leurs différents affluents, le Mali est le troisième producteur de poisson d’eau douce en Afrique, après le Kenya et l’Ouganda. En d’autres termes, avec un réseau hydrographique de l’ordre de 4 500 km, de grandes superficies d’eaux libres et de nombreux aménagements hydro-agricoles, le Mali représente un cas spécifique dans le développement de la pêche et de l’aquaculture en Afrique subsaharienne et dans la Confédération des États du Sahel (AES).
Au regard de cet important potentiel, le gouvernement prévoit, dans sa politique de développement du sous-secteur, la mise en valeur des plans d’eau, l’intensification de la production halieutique avec une implication de plus en plus importante du secteur privé dans la production d’intrants de pisciculture et de poissons marchands, la mise en œuvre de bonnes pratiques de pêche responsables, réglementées et durables, ainsi que la cogestion des pêcheries. Il est également prévu l’appui à la recherche pour l’alimentation du poisson et les systèmes d’élevage. C’est fort de cette potentialité et de son apport dans l’économie nationale que l’interprofession Poisson du Mali et le ministère de l’Élevage et de la Pêche ont initié les Journées du poisson, afin de donner une grande visibilité et une meilleure lisibilité au sous-secteur de la pêche et de l’aquaculture.
Journées du poisson, une tribune de promotion du sous-secteur
Initiées fin 2022, les Journées du poisson, qui se tiennent sur trois jours, sont à leur quatrième édition. Celle-ci s’est tenue du 11 au 13 décembre 2025 au Palais de la culture Amadou Hampâté Ba, sous la présidence du Premier ministre, représentant le Président de la transition. C’était en présence de plusieurs membres du gouvernement, du corps diplomatique, ainsi que des acteurs et partenaires du sous-secteur de la pêche.
Aux termes de ces Journées, il est heureux de constater que le bilan est élogieux. Tout d’abord, leur tenue a permis le renforcement du partenariat entre le ministère de l’Élevage et de la Pêche et le ministère de l’Environnement, de l’Assainissement et du Développement durable dans le cadre de la mise en œuvre du Projet de restauration des terres dégradées (PRDT) du Mali, en vue de poursuivre le financement des alliances productives dans le domaine de la pêche. Elle a également permis la remise de 200 tonnes d’aliments pour poissons au ministre de l’Élevage et de la Pêche par le ministre-commissaire à la Sécurité alimentaire, afin de soutenir les activités des pisciculteurs.
Ensuite, ces Journées ont permis la présentation des potentialités de la filière poisson du Mali et de l’environnement des investissements et des affaires qui s’y rapportent, ainsi que des échanges sur les différentes perspectives et contraintes, en amont comme en aval, de la filière poisson au Mali et ses perspectives d’accompagnement.
Enfin, des pistes d’actions pertinentes ont été identifiées afin de donner à la filière poisson du Mali le rôle substantiel qu’elle doit jouer dans l’économie nationale, tout en assurant la sécurité alimentaire et nutritionnelle ainsi que l’autoconsommation.
Il faut signaler qu’outre le rôle important du sous-secteur du poisson dans le développement économique du Mali, celui-ci peut, à terme, constituer un élément de réduction des effets néfastes des aléas climatiques et contribuer à une gestion rationnelle des écosystèmes.
SMC
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