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Mali : la mendicité des enfants talibés, un véritable problème de sécurité humaine 

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Ils sont presque visibles sur toutes les grandes artères de la capitale malienne, et à tout moment de la journée. Armés de leurs sébiles, faufilant entre les véhicules pour quémander de quoi manger ou autres aides, dans un pays en pleine insécurité, la mendicité devient un danger public. Alors que la loi malienne l’interdît

Mamadou est venu à Bamako quand il était âgé d’environ 13 ans. Il est originaire de Bougouni, au sud profond du Mali. Aujourd’hui, il ne se rappelle plus de son âge. Mais il situerait dans la tranche d’âge de 19 à 21 ans. Il n’exerce d’autres métiers que la mendicité.Quotidiennement, il fait le porte-à-porte pour chercher à manger. « Depuis que j’ai quitté mes parents, je n’y suis pas encore retourné. Je vis avec mon maitre parmi une centaine de talibés à Moribabougou », raconte Mamadou.

« Ils sont tous des délinquants »

Concernant son envie d’exercer un autre métier différent de la mendicité, il répond qu’il souhaite exercer d’autres métiers. « Mais il faut que mon maitre accepte. J’ai déjà terminé d’apprendre le coran depuis une année. Je mendie pour vivre et avoir de quoi à manger »,précise-t-il.

Le Mali est submergé depuis une décennie dans une crise sécuritaire, avec ses lots de menaces contre la quiétude des populations. Cette pratique de la mendicité des enfants talibés n’est pourtant pas sans impacts sur la situation sécuritaire du pays. « On ne sait pas d’où ces jeunes désœuvrés viennent. Ils sont tous des délinquants qui peuvent servir de bouc émissaire aux terroristes », marmonne un commerçant au grand marché de Bamako ( Rail-da). 

Si ces jeunes drapés dans des habits désuets et sales suscitent de la pitié aux yeux de certains, d’autres ne les apprécient pas. « Je n’ai pas pitié de ces jeunes. Ce sont des bandits qui nous volent, braquent et même souvent qui deviennent des drogués », fustige Aminata Keita, habitant de Bagadadji. 

Autrefois, certains voyaient la mendicité comme un système d’éducation, permettant aux enfants de découvrir certaines difficultés de la vie, leur inculquer l’instinct de survie. Elle avait été instituée pour inculquer une certaine endurance, l’humilité, la modestie, chez les enfants. En un mot, elle était utilisée pour amener l’enfant à adopter des principes de bonne conduite dans la société. D’autres y voyaient une dimension traditionnelle et religieuse, ancrée dans la société. Mais, aujourd’hui, la réalité est toute autre. « Ces enfants encadrés par les marabouts ne retiennent rien d’autre que la délinquance et le banditisme dans les rues de Bamako… », déplore Oumar Berthé, un citoyen malien. 

Une pratique interdite

Dans une enquête de l’ONG Human Rights Watch sur la mendicité des enfants talibés au Sénégal, on peut ire ce passage remarquable : « Cela fait longtemps que des parents confient leurs enfants à un marabout—souvent un proche ou quelqu’un du même village—chez qui ils résident jusqu’à ce qu’ils terminent leurs études coraniques. Traditionnellement, les enfants se concentraient sur leurs études tout en aidant à cultiver les champs du marabout ». 

La mendicité forcée, les sévices corporels et les conditions de vie quotidienne dangereuses que subissent ces talibés violent le droit national et international, souligne HRW. La mendicité est officiellement interdite au Mali par la loi Nº 01-079 du 20 aout 2001 portant code pénal, dans ses articles 184 et 193 qui punissent la pratique de 15 jours à 6 mois d’emprisonnement. Cela même s’il s’agit des personnes invalides. La peine va encore loin si la personne entrainée est un mineur. Le coupable est puni de 3 à un an de prison. Nonobstant toutes ces dispositions pénales, le phénomène prend de l’ampleur dans les grandes villes du pays. 

Les autorités de la transition, pour lesquelles la sécurité demeure la priorité, sont fortement interpelées sur cette problématique devenue un véritable casse-tête et même un problème de sécurité nationale. 

Mohamed Camara         


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