La situation des droits de l’homme au Mali a été au cœur des échanges ce mercredi 17 juin 2020 à l’ouverture du débat sur le racisme et les violences policières auxquelles les personnes « d’ascendance africaine » sont confrontées. Un cadre organisé par le Conseil des droits des Nations Unies à la demande du Groupe africain.
Des défaillances sécuritaires, judiciaires, voire administratives ; la vulnérabilité des populations civiles en raison de l’absence d’autorités administratives et de sécurité locales dans la plupart des régions du centre et du nord du pays ; l’inexistence de réponse adéquate pour la protection des civiles ; l’impunité sont entre autres les violations des droits de l’homme auxquelles le Mali est confronté selon l’expert indépendant des droits de l’ONU au Mali, Alioune Tine. Dans sa présentation du rapport sur le Mali au Conseil des droits de l’ONU, M. Tine estime que ces facteurs génèrent des violences.
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En plus de toutes ces violations des droits de l’homme, l’expert indépendant de l’ONU souligne « l’impuissance manifeste des Forces armées maliennes et de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations unies pour la stabilisation au Mali (MINUSMA) à garantir aux populations civiles de cette zone la sécurité appropriée ».
Toutefois, l’expert indépendant salue l’accélération du processus de désarmement, de démobilisation et de réintégration, de même que la création de la zone de développement économique des régions du nord du pays. D’après lui, ces réalisations constituent des étapes importantes dans l’application de l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali dans le nord du pays.
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Au cours de cette séance de présentation de rapport, M. Tine a rappelé des chiffres de l’ONU. De janvier à mars 2020, « les Forces nationales de défense et de sécurité malienne, dont certaines opérant dans le cadre de la Force conjointe du G5 Sahel, ont été responsables d’au moins 36,45 % des violations des droits de l’homme documentées, avec notamment 119 exécutions extrajudiciaires et 32 disparitions forcées ».
Cette dégradation de la situation sécuritaire a eu des impacts sur la situation humanitaire, indique M. Tine. De janvier 2019 à mars 2020, l’expert indépendant de l’ONU, souligne que le nombre de personnes déplacées dans leur propre pays est passé de 84 300 en janvier 2019 à 218 000 en mars 2020.
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En raison de toutes ces situations, M. Tine a recommandé une réévaluation de la situation sécuritaire au Mali. Il demande également d’ajuster le mandat de la MINUSMA. Aux autorités maliennes, il leur demande de traduire en justice tous les auteurs de violations du droit international humanitaire et des droits de l’homme et de « s’engager dans l’application des recommandations issues de l’Examen périodique universel de 2018 et des organes conventionnels ».
Togola
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