Face aux rumeurs sur un prétendu refus de visas aux Maliens, l’Ambassade de Chine à Bamako dément catégoriquement et réaffirme son engagement en faveur d’un partenariat stratégique solide avec le Mali.
Ces derniers jours, une rumeur tenace s’est propagée sur les réseaux sociaux maliens : la Chine aurait décidé de ne plus reconnaître le nouveau passeport malien (passeport AES entrée en vigueur depuis le 29 janvier dernier à la suite du retrait des pays de cet espace de la CEDEAO) et de refuser systématiquement des visas aux ressortissants du pays. Une allégation aussitôt balayée d’un revers de la main par l’Ambassade de Chine à Bamako, qui a tenu à rétablir les faits par un communiqué officiel.
Un partenariat stratégique à l’épreuve des rumeurs
Pékin et Bamako ne sont pas liés par de simples échanges diplomatiques. Depuis le sommet Chine-Afrique de Pékin, les 3 et 4 septembre 2024, sous l’impulsion du président Xi Jinping, le partenariat sino-malien a été « élevé à un niveau stratégique », un positionnement qui traduit la profondeur des relations entre les deux pays. Dès lors, voir la coopération sino-malienne fragilisée par des accusations jugées infondées relève, pour l’Ambassade, d’une campagne de désinformation visant à semer le doute sur une relation historiquement solide.
Dans un communiqué sans ambiguïté, les autorités chinoises ont rappelé plusieurs points essentiels : la Chine reconnaît pleinement le nouveau passeport malien, n’a jamais pratiqué un refus systématique de visa et maintient une attitude positive envers les échanges entre les deux nations.
Un cadre strict mais ouvert
Cependant, l’Ambassade rappelle que toute demande de visa chinois doit respecter les réglementations en vigueur, une précision qui souligne la rigueur administrative appliquée par Pékin en matière de mobilité internationale. Un contrôle qui ne vise pas spécifiquement le Mali, mais qui s’inscrit dans une politique migratoire globale.
Dans un contexte où l’influence chinoise ne cesse de croître en Afrique, notamment à travers de grands projets d’infrastructures et de coopération économique, les relations avec Bamako revêtent un intérêt particulier. Pékin, qui a massivement investi dans les secteurs clés du développement malien, ne saurait ainsi se permettre une crispation inutile.
La mise en garde de Pékin
Loin de se limiter à un simple démenti, l’Ambassade de Chine au Mali adopte un ton ferme face à ce qu’elle qualifie d’actes de calomnie. Elle condamne toute tentative de manipulation visant à nuire aux relations sino-maliennes et se réserve le droit de prendre des mesures contre les auteurs de ces campagnes de désinformation.
Une mise en garde qui en dit long sur la détermination chinoise à préserver une relation construite sur des décennies de coopération. Pour Pékin, il n’est pas question de laisser planer le doute sur un partenariat qui, bien au-delà des visas, s’inscrit dans une dynamique de confiance mutuelle et d’intérêts convergents.
Loin des polémiques, l’Ambassade se veut rassurante. La Chine demeure engagée à travailler avec tous les acteurs maliens pour assurer un partenariat sain et durable ; un partenariat gagnant-gagnant, respectueux des principes constitutionnels en République du Mali. Un message clair qui vise autant à répondre aux inquiétudes du moment qu’à réaffirmer la place du Mali dans la vision chinoise d’une coopération africaine renforcée.
La CCIM réagit et dément
La Chambre de Commerce et d’Industrie du Mali (CCIM) a fermement démenti les accusations selon lesquelles l’Ambassade de Chine au Mali rejetterait les passeports AES des opérateurs économiques maliens dans le cadre des demandes de visas d’affaires. En réaction à un communiqué diffusé sur les réseaux sociaux par l’Association des Commerçants Voyageurs du Mali et de la Diaspora (ACOVMADIA), la CCIM a précisé n’avoir reçu aucune notification de refus de visa fondée sur la détention d’un passeport AES.
Après consultation avec le Consulat chinois, ce dernier a également réfuté ces allégations, précise la CCIM dans son communiqué du 26 février. La CCIM rappelle que, rien que le 25 février 2025, une dizaine de demandes de visas d’affaires ont été adressées au consulat sans qu’aucune n’ait été rejetée. Soulignant la bonne coopération avec les services diplomatiques chinois, elle appelle les acteurs économiques maliens à éviter la propagation d’informations infondées pouvant nuire aux relations bilatérales.
Cette affaire de visas, vite éteinte par Pékin, rappelle que dans un monde où la guerre de l’information est permanente, la solidité d’un partenariat se mesure aussi à sa capacité à résister aux vents contraires.
Chiencoro Diarra
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