Au centre du Mali, de nombreuses personnes, dont des femmes et des enfants ont fui les conflits pour trouver refuge, pour la plupart, dans les nombreux sites aménagés à Bamako pour les accueillir. Dans ces camps de déplacés, des femmes donnent naissance sans avoir les moyens de recourir à des services médicaux.
L’accès à l’emploi, à des services socio-sanitaire appropriés, à de l’eau potable et même à la nourriture ou à une éducation de qualité, demeure des défis pour de nombreux déplacés internes. À Faladiè, en commune VI du district de Bamako, ces déplacés de guerre sont dans l’impasse. Ils vivent dans des conditions inquiétantes.
Selon la Direction nationale du Développement social (DNDS), au 31 juillet 2021, le Mali comptait 381 529 personnes déplacées internes regroupées au sein de 66 377 ménages. 55 % de cette population étaient des femmes contre 64 % d’enfants âgés de moins de 17 ans.
Centre de santé
Un monde dont la gestion s’avère difficile pour les différents acteurs travaillant à leur bien-être.
En raison des difficultés financières, nombreuses sont les femmes de ce site de Faladié à accoucher sans assistance médicale. « Nos femmes accouchent, sur place ici, dans le camp. Nous avons peur de les conduire dans les hôpitaux, qui sont extrêmement chers pour nous », explique A. Sidibé, chef d’un ménage de six enfants, âgés de 2 à 14 ans.
Les dons des personnes de bonne volonté ainsi que de certaines Organisations non gouvernementales (ONG) ou de la société civile n’arrivent pas à combler les besoins.
À ces déplacés, la croix rouge malienne apporte généralement son soutien à travers des consultations et des dons de médicaments. En raison de la forte demande, les déplacés demandent l’aménagement d’un centre de santé sur leur site en vue d’améliorer leur accès à la santé, recommande Rebecca, déplacée de guerre, émigrée de Bandiagara il y’a 2 ans.
Une école sans enseignants
Au dernier recensement, ce camp des déplacés internes, situé en plein cœur du marché des bétails de Faladiè, dans la capitale malienne, comptait 240 ménages, composé de 122 hommes, 200 femmes, 257 filles et 227 garçons répartis, vivants dans des conditions très précaires. Face à l’accroissement des ménages, les déplacés avaient demandé la construction d’une école.
Aujourd’hui, si un établissement scolaire a pu y être aménagé, le problème d’enseignants se pose et les enfants de ces familles sont dans l’obligation de fréquenter la grande école publique de Faladiè.
« Nous n’avons ni eau ni de nourriture »
Cette population souffre également de problème d’intégration professionnelle. Âgé de 54 ans, A. Sidibé est un déplacé de guerre du cercle de Bankass. Avec son barbe grisâtre, ce vieil homme est à la recherche d’un travail décent. Dans son activité de ramassage de déchets, il a du mal à subvenir aux besoins de sa famille, avec les maigres revenus qu’il gagne : « Depuis près de 3 ans, je suis là, mais je n’arrive pas à trouver un emploi propice pour faire face aux dépenses de ma famille », a-t-il confié. Une situation pécuniaire qui impacte considérablement l’éducation de ses enfants.
A. Tamboura, jeune déplacé de guerre venu de Douentza et qui travaille également sur un dépotoir d’ordure comme trieur, estime que le chômage qui frappe les déplacés est en grande partie liée au problème des langues. Beaucoup de ces déplacés ne parlent pas le bambara, a-t-il fait savoir. Ce jeune homme vit dans ce camp de Faladié depuis près de 4 ans.
Néanmoins, si certains déplacés peinent à tenir les deux bouts, force est de reconnaitre que d’autres, comme Rebecca, s’en sortent assez bien et arrivent à tirer leur épingle du jeu. Cette jeune dame vend des légumes et des condiments sur le site de Faladiè. Mais cela ne l’épargne pas des difficultés. Car ces déplacés souffrent également de crise alimentaire. « Nous n’avons ni eau ni de nourriture », déplore-t-elle avant de souligner le contexte de la cherté de la vie que traverse présentement le Mali.
Mohamed Camara
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