Home A la Une Mali, Burkina, Niger : la peur a changé de camp

Mali, Burkina, Niger : la peur a changé de camp

0 comments 150 views

Face aux djihadistes, l’AES est à l’offensive. Entre condamnations judiciaires, ripostes militaires et arrestations de chefs rebelles, le Mali, le Burkina et le Niger imposent une nouvelle donne sécuritaire au Sahel.

L’année 2025 s’annonce comme un tournant décisif dans la lutte contre le terrorisme au Sahel. Justice implacable, ripostes militaires fulgurantes, traque des chefs rebelles : les nouveaux maîtres de Bamako, Ouagadougou et Niamey ont mis en œuvre une stratégie sans concession. Les djihadistes ne sont plus les chasseurs, mais les proies.

Au Burkina Faso, la fin de l’impunité pour les assaillants de 2018

2 mars 2018. Une détonation secoue le centre de Ouagadougou. Un véhicule bourré d’explosifs vient de pulvériser une partie de l’état-major des armées burkinabées. Quelques rues plus loin, des assaillants prennent d’assaut l’ambassade de France. Huit soldats burkinabés tombent, 85 personnes sont blessées. Le Groupe de Soutien à l’Islam et aux Musulmans (GSIM), filiale d’Al-Qaida au Sahel, revendique l’attaque.

Six ans plus tard, le Burkina Faso referme ce dossier brûlant. Le 25 février 2025, la justice a tranché :

  • Trois terroristes condamnés à la perpétuité pour leur rôle actif dans l’attaque.
  • Trois complices écopent de peines de 10 à 21 ans de prison ferme pour financement et soutien logistique.
  • Deux prévenus relaxés faute de preuves suffisantes.

Si Ibrahim Traoré a un message à faire passer, il est limpide : les terroristes ne trouveront plus ni refuge ni clémence dans le Burkina Faso de l’AES.

Au Mali, une armée en reconquête

Pendant que les juges frappent fort au Burkina, les Forces armées maliennes (FAMa) ripostent sur le terrain. Samedi 22 février 2025, aux premières lueurs du jour, un groupe armé tend une embuscade à une patrouille malienne près de Macina, dans la région de Ségou. L’attaque tourne court.

Neuf terroristes sont neutralisés sur place, plusieurs autres blessés s’évanouissent dans les forêts. Les FAMa ne sont plus une armée de garnison, elles traquent, frappent et sécurisent le terrain.

Depuis le départ des troupes étrangères, dont française ainsi celles des Nations unies, Bamako a changé de doctrine. Plus de reliance aveugle à des partenaires occidentaux : la guerre contre le terrorisme se mène désormais par et pour les Sahéliens.

Un engagement qui s’est concrétisé fin janvier 2025 avec la création de la force conjointe de l’Alliance des États du Sahel (AES). 5 000 soldats du Mali, du Burkina et du Niger sont désormais engagés dans une coalition militaire propre à la région, sans tutelle étrangère.

Au Niger, un chef rebelle hors d’état de nuire

Pendant que les terroristes tombent devant les balles et les tribunaux, les services de renseignement achèvent de traquer leurs alliés politiques. Mahamoud Sallah, fondateur du Front Patriotique de Libération (FPL), mouvement armé opposé aux autorités nigériennes de la transition, a été arrêté en Libye par les forces du maréchal Khalifa Haftar.

Depuis son exil en Libye après le renversement du régime de Mohamed Bazoum en 2023, Sallah rêvait d’un retour en force. Son FPL a revendiqué plusieurs attaques contre l’armée nigérienne et même le sabotage d’un oléoduc stratégique reliant Agadem au Bénin.

Mais en février 2025, sa cavale prend fin à Al-Qatroun, bastion de trafics en tout genre. L’opération a été menée par l’unité 87 de l’Armée nationale libyenne, l’une des forces spéciales du maréchal Haftar, allié des autorités nigériennes de la transition.

Le Niger réclamera-t-il son extradition ? Rien n’est exclu, mais une chose est sûre : les soutiens armés de Bazoum n’ont plus d’espace pour conspirer.

Vers une souveraineté sécuritaire totale dans l’AES

Avec la montée en puissance de l’AES, le Sahel bascule dans une nouvelle ère. Le retrait des troupes françaises, la fin du G5 Sahel, le départ de la MINUSMA ainsi que des autres présences militaires étrangères et les tentatives d’isolement croissant des régimes sahéliens par leurs ennemis sur la scène internationale ont conduit Bamako, Ouagadougou et Niamey à prendre en main leur propre destin sécuritaire.

La force conjointe de 5 000 soldats, opérationnelle depuis janvier, est l’outil militaire de cette ambition. Mais l’autonomie sécuritaire sahélienne repose aussi sur de nouveaux partenaires stratégiques :

  • La Russie, qui fournit armement et formation aux troupes locales.
  • La Turquie, avec laquelle l’AES négocie des drones et du matériel de surveillance.
  • Certains pays du Golfe, qui voient d’un bon œil une coopération renforcée avec ces régimes en rupture avec l’Occident.

Le narratif victimaire appartient désormais au passé. Le Burkina juge, le Mali combat, le Niger traque.

Les États sahéliens, longtemps dépendants des forces étrangères, prouvent aujourd’hui qu’ils peuvent imposer leur propre tempo. Le Sahel ne subit plus la guerre, il la mène. Et dans ce nouveau rapport de force, les terroristes ne sont plus que des cibles en sursis.

Chiencoro Diarra


En savoir plus sur Sahel Tribune

Subscribe to get the latest posts sent to your email.

Un petit commentaire nous motivera davantage

A propos

Sahel Tribune est un site indépendant d’informations, d’analyses et d’enquêtes sur les actualités brûlantes du Sahel. Il a été initialement créé en 2020, au Mali, sous le nom Phileingora…

derniers articles

Newsletter

© 2023 Sahel Tribune. Tous droits réservés. Design by Sanawa Corporate

En savoir plus sur Sahel Tribune

Abonnez-vous pour poursuivre la lecture et avoir accès à l’ensemble des archives.

Poursuivre la lecture