Le président de la Transition du Mali, le général Assimi Goïta, a nommé ce 16 mai 2025 Abdoul Aziz Aguissa au poste de Vérificateur général. Reconnu pour sa rigueur administrative et son engagement pour la bonne gouvernance, l’ancien Secrétaire général du Bureau du Vérificateur général hérite d’une mission clé : contrôler de manière impartiale et efficace la gestion des ressources publiques à tous les niveaux de l’État. Une nomination perçue comme un signal fort en faveur d’une gouvernance plus responsable et d’une lutte accrue contre la corruption.
Dans un Mali où l’opinion publique, lasse des promesses sans lendemain, scrute le moindre signe d’un changement réel dans la gestion des affaires publiques, la nomination du nouveau Vérificateur général n’a rien d’un détail administratif. C’est pourtant sans tambour ni trompette que le général Assimi Goïta, fidèle à sa méthode du coup de plume discret, a signé ce 16 mai 2025 le décret n°2025-0344/PT-RM. Le texte fait d’Abdoul Aziz Aguissa, administrateur civil et membre du Corps préfectoral, le nouvel arbitre des finances publiques maliennes.
Un technicien au profil ciselé pour l’exercice
L’homme n’est pas une figure politique, ni une star médiatique. Et pourtant, dans les arcanes de l’administration, il est réputé pour ce que Bamako, en quête d’hommes neufs, présente comme les qualités cardinales du moment : rigueur, indépendance d’esprit et fidélité aux principes de bonne gouvernance. Abdoul Aziz Aguissa a fait ses armes en coulisses, à un poste stratégique : celui de Secrétaire général du Bureau du Vérificateur général. Un poste où il a appris les codes, maîtrisé les dossiers, et, surtout, observé les limites d’une institution souvent accusée de produire plus de rapports que de résultats.
Décoré au grade d’Officier de l’Ordre national du Mali, Aguissa n’a pourtant rien d’un bureaucrate coupé du terrain. Son engagement à faire du contrôle des finances publiques un levier de la moralisation de la vie publique est connu des initiés, même si, jusqu’ici, il opérait dans l’ombre.
Une mission à haut risque, sous le regard d’un pays désabusé
Désormais, le voici propulsé en première ligne. Le décret est clair : il devra veiller, sans concession ni favoritisme, à contrôler la gestion des ressources de l’État, des collectivités territoriales, des établissements publics, et plus généralement de toute entité bénéficiant de fonds publics. Autant dire que le champ d’action est vaste, les tentations nombreuses, et les résistances prévisibles.
Il succède à Samba Alhamdou Baby, dont le mandat a marqué les esprits. En annulant à la fois la nomination de 2018 et l’intérim décrété en avril 2025, Assimi Goïta tourne une page et en ouvre une autre, plus attendue, celle de la refondation en cours.
En confiant cette mission à un profil technique, loin des écuries politiques ou des réseaux d’influence, le chef de la Transition tente de rassurer une population exaspérée par l’impunité des puissants. La corruption, fléau endémique du Mali post-démocratique, a survécu à toutes les alternances et à tous les régimes. Faire de la lutte contre ce cancer une priorité est devenu un refrain que les Maliens connaissent par cœur. Ce qu’ils attendent aujourd’hui, c’est du concret.
Le Mali attend le signal du passage à l’acte
En attendant, Bamako bruisse de commentaires. Certains saluent une décision courageuse et symbolique, d’autres y voient une manœuvre cosmétique de plus. Une certitude cependant : en choisissant un homme discret mais déterminé, Assimi Goïta place le Bureau du Vérificateur général sous les projecteurs d’un peuple qui, plus que jamais, exige des actes.
Rigueur, intégrité, indépendance : trois mots que le nouveau Vérificateur général devra désormais incarner. Pour que, peut-être, le Mali prenne enfin rendez-vous avec une gouvernance à la hauteur de ses ambitions. Le compte à rebours est lancé.
Chiencoro Diarra
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