En s’appuyant sur le renseignement et la mobilisation citoyenne, l’armée malienne frappe au cœur des réseaux terroristes, mais la victoire ne se jouera que sur le long terme.
Le futur appartient à ceux qui savent anticiper. À l’heure où le terrorisme redessine les équilibres stratégiques au Sahel, la bataille ne se joue plus seulement sur le terrain, mais aussi dans l’exploitation des renseignements, l’analyse des flux logistiques et l’usage intelligent des technologies de surveillance.
Le 19 mars 2025, les Forces Armées Maliennes (FAMa) ont franchi une nouvelle étape dans cette guerre de l’ombre. Grâce à la coordination entre les moyens aériens et les unités de renseignement, un centre logistique majeur, servant de point de transit pour les groupes armés terroristes, a été localisé et détruit dans la région de Tombouctou. Plus précisément, une patrouille de surveillance a intercepté une transaction de carburant à Sanfatou, à 25 km à l’est de Gourma Rharous, confirmant ainsi les flux logistiques qui alimentent l’insécurité dans la région.
Quand le renseignement devient une arme
Il n’y a jamais eu de guerre gagnée sans supériorité informationnelle. Les grandes batailles de l’histoire, de Napoléon à la Seconde Guerre mondiale, ont démontré que la maîtrise des renseignements conditionne l’issue des conflits. Aujourd’hui, dans un contexte où les groupes armés terroristes opèrent en réseaux, la donnée est la première ligne de défense.
La destruction d’une centaine de fûts de carburant et de plusieurs véhicules lors de cette opération témoigne d’un tournant. L’armée malienne ne se contente plus de réagir, elle anticipe, elle traque, elle neutralise à la source. Cette approche est essentielle, car dans une guerre asymétrique, il ne s’agit pas seulement d’affronter un ennemi visible, mais de démanteler son écosystème.
La guerre du futur se joue aussi dans la mobilisation des citoyens
Au-delà de la technologie et des moyens militaires, cette opération met en lumière un autre facteur clé : l’implication des populations. Le renseignement humain demeure un pilier essentiel de la lutte contre le terrorisme. L’État-Major des Armées a d’ailleurs tenu à remercier les citoyens pour leur rôle crucial dans la transmission d’informations stratégiques. Car aucune armée ne peut vaincre seule. L’histoire l’a prouvé. Des guerres napoléoniennes à la Résistance en France, c’est toujours la coopération entre les forces régulières et les populations locales qui a permis d’inverser le cours des batailles.
Mais cette mobilisation ne peut être efficace sans un cadre clair. La lutte contre le terrorisme ne doit pas être seulement militaire; elle doit être économique, sociale et éducative. Car derrière chaque flux logistique terroriste, il y a un financement, des complicités, et parfois même des États qui ferment les yeux. L’État malien met donc en garde une fois de plus les soutiens de l’ombre, ceux qui alimentent, financent et facilitent ces réseaux.
La guerre contre le terrorisme ne se gagnera pas en une nuit. Il ne suffit pas de frapper un centre logistique pour éradiquer une menace enracinée depuis plus d’une décennie. Il faut voir plus loin, investir dans l’éducation, dans l’emploi, dans la réhabilitation des zones touchées par l’insécurité. Une victoire militaire ne vaut que si elle s’accompagne d’une paix durable.
Chiencoro Diarra
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