De tous les secteurs de la vie, la justice constitue un pilier essentiel. Elle permet de réguler la vie en société. Le niveau de confiance des populations en elle est un gage de paix, de stabilité, d’harmonie et de cohésion. Au Mali, la Friederich Ebert Stiftung (FES), une institution indépendante allemande, à travers son enquête d’opinions annuelle, a publié des résultats dans ce sens.
Pour la 16e fois depuis fin 2012, l’institution allemande créée en mars 1925 et présente au Mali depuis 1972, a livré les résultats de son enquête d’opinions des Maliens sur la gouvernance de leur pays. Cette enquête, qui s’est déroulée du 11 au 22 janvier 2025, a ciblé un échantillon de 2 220 personnes âgées de 18 ans et plus. Les Maliens se sont prononcés sur plusieurs sujets parmi lesquels la justice. Qu’ont-ils dit ?
Nette progression du niveau de confiance en la justice
Les résultats de l’enquête montrent que trois quarts des Maliens ont confiance en la justice malienne (18,3 % totalement confiance et 56,8 % partiellement confiance) contre deux sur dix qui n’y font pas confiance (14,2 % pas confiance et 6,3 % pas du tout confiance). Le niveau de confiance en la justice malienne diminue avec le niveau d’instruction : aucun (77,1 %), primaire (76,9 %), secondaire (73,7 %), supérieur (66,9 %).
Autrement dit, le niveau de confiance en la justice malienne est en nette progression ces dernières années, passant de 47,7 % en 2021 à 75,1 % en 2025. Ce qui correspond à une hausse de 27,4 points de pourcentage sur ces cinq dernières années. Les principales attentes des populations sont, selon les résultats, une justice transparente, soit 58,2 % des personnes enquêtées.
Les populations veulent aussi une justice équitable (30,1 %), une justice incorruptible (22,7 %), une justice impartiale sans distinction sociale (21,9 %). Cette nette progression de la confiance des populations en la justice est un peu tachetée par une méconnaissance des procédures judiciaires.
Méconnaissance des procédures
D’après l’institution allemande, les personnes enquêtées estiment que les procédures judiciaires sont méconnues par une très grande majorité des populations. Pour près de neuf Maliens sur dix, les procédures de la justice sont méconnues des populations (58,0 % tout à fait d’accord et 31,7 % d’accord) ; plus de huit personnes sur dix trouvent que les procédures de la justice sont longues et compliquées (55,1 % tout à fait d’accord et 29,6 % d’accord).
Enfin, plus de sept personnes sur dix estiment que la justice malienne est corrompue (33,3 % tout à fait d’accord et 39,2 % d’accord) ou que la justice malienne coûte cher (51,2 % tout à fait d’accord et 26,7 % d’accord). La méconnaissance des textes, des modes de saisine et des procédures judiciaires ressort comme un frein majeur à l’accès des différents degrés de juridiction. Alors, l’un des plus grands défis de la justice est la sensibilisation et l’information afin que les populations s’approprient les procédures judiciaires.
Il faut signaler que depuis quelques années, les autorités ont entrepris un vaste chantier de réformes du système judiciaire. Ces réformes traduisent une ambition de renforcer l’État de droit, de garantir une justice équitable et de mieux protéger les citoyens face aux défis contemporains. Parmi ces réformes, on peut citer l’adoption de deux textes majeurs : la Loi n° 2024-027 portant Code pénal et la loi n° 2024-028 portant Code de Procédure pénale.
Ces deux codes s’inscrivent dans une dynamique d’adaptation aux réalités sociales, tout en restant fidèles aux valeurs culturelles du pays. Le Code de Procédure pénale place au centre de ses dispositions le respect des droits des parties. Tandis que le Code pénal introduit des mesures rigoureuses pour lutter contre les infractions sexuelles et les atteintes à la moralité publique.
Sidi Modibo Coulibaly
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