Au Sénégal, un arrêt du Conseil constitutionnel du 4 juin invalide partiellement certaines listes nationales des prochaines législatives. La Coalition Yewwi Askan Wi, dirigée par l’opposant politique Ousmane Sonko, dénonce des manœuvres du pouvoir en place.
Les prochaines élections législatives du 31 juillet au Sénégal pourrait s’avérer un pari risqué. D’ores et déjà une grande mobilisation a réuni des milliers de personnes, le 8 juin 2022, à la place de l’Obélisque de Dakar. Dans une ambiance festive de musique et de chants, la coalition Yewwi Askan Wi, dirigée par l’opposant politique Ousmane Sonko, avait appelé à manifester contre le président Macky Sall. Cela, en vue de dénoncer les manœuvres dont elle l’accuse pour éliminer politiquement ses adversaires, l’intention qui lui est prêtée de briguer un troisième mandat en 2024, mais aussi la hausse des prix.
La disqualification du président du parti Pastef, Ousmane Sonko, des législatives du 31 juillet prochain, par un arrêt du Conseil constitutionnel, le 4 juin 2022, a créé beaucoup de mécontentements. D’où cette mobilisation générale.
À la place de la Nation de Dakar, les intervenants se sont succédé au micro pour manifester leur désarroi. Le maire de Dakar, Barthélemy Dias, tête de la liste de la coalition pour le département de Dakar, a rassuré : « Notre liste de titulaires va participer et notre tête de liste nationale Ousmane Sonko ira à l’Assemblée nationale », rapporte l’Agence Anadolu qui, en citant le maire de Dakar, ajoute que « la liste (de titulaires) de Yewwi sera validée ou il n’y aura pas d’élections dans ce pays ».
« Absurde, inédite et dangereuse »
Pour sa part, Habib Sy, un des leaders de la coalition de l’opposition, ne va pas avec le dos de la cuillère : « Le président Macky Sall a cru bon de donner l’ordre à son ministre de l’Intérieur et aux juges du conseil constitutionnel d’invalider la liste (des titulaires) de Yewwi Askan Wi, mais il s’est trompé, car Yewwi participera aux élections et le 31 juillet, nous le battrons à plate couture ».
S’adressant en dernier à la foule, le président du Pastef, Ousmane Sonko, ne semble pas faire balle à terre : « L’enjeu, c’est le contrôle de l’Assemblée nationale. Si nous gagnons ce combat, nous pourrons former un gouvernement à nous, et commencer à réformer le pays avant même 2024. » Date des futures échéances électorales pour la magistrature suprême.
À travers sa décision, le Conseil constitutionnel invalide ainsi 53 titulaires de la liste nationale de la coalition. Pour rappel, 8 listes étaient en compétition contre 47 lors des dernières législatives de 2017. Ces législatives devront renouveler les 165 députés de l’Assemblée nationale, dominée largement par la coalition présidentielle.
Par ailleurs, faut-il le rappeler, le Conseil constitutionnel a aussi invalidé la liste des suppléants de Benno Bokk Yakaar (BBY, majorité). Dans une interview accordée à Jeune Afrique, le président et fondateur du think tank Afrikajom Center, Alioune Tine, estime que cette décision du Conseil constitutionnel, confirmée par les arrêtés du ministre de l’Intérieur, consistant à « créer une déconnexion entre la liste des titulaires et celle des suppléants », « apparaît totalement absurde, inédite et dangereuse ».
Le président sénégalais, Macky Sall, dans une interview accordée à des medias français, rassure que « Le pays va faire ses élections ».
La rédaction
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