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Le second mandat de Donald Trump, un miroir des défis de l’Afrique et du monde

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Le retour de Donald Trump à la Maison Blanche pour un second mandat soulève de nombreuses interrogations, notamment pour l’Afrique. Entre remise en question des accords commerciaux, restrictions sur l’immigration et désengagement des programmes de diversité, ce mandat pourrait redéfinir les relations entre les États-Unis et le continent africain, tout en offrant à l’Afrique une opportunité de renforcer son autonomie et sa souveraineté.

L’investiture de Donald Trump, ce 20 janvier 2024, pour un second mandat à la Maison Blanche marque l’un des retours politiques les plus inattendus et les plus controversés de l’histoire américaine. Pourtant, au-delà des frontières des États-Unis, cette réémergence du milliardaire républicain suscite des interrogations bien plus vastes, notamment pour l’Afrique, souvent en marge des priorités de Washington. Quels impacts son retour pourrait-il avoir sur les économies africaines, les relations commerciales, et la position géopolitique de l’Afrique dans un monde en mutation ?

Le premier mandat de Donald Trump (2017-2021) a été marqué par une marginalisation des relations entre les États-Unis et l’Afrique. Contrairement à ses prédécesseurs, Trump a montré peu d’intérêt pour le continent, souvent résumé à un simple champ de bataille entre grandes puissances comme la Chine et la Russie. Pourtant, des initiatives comme l’Agoa (African Growth and Opportunity Act), instaurée en 2000 pour faciliter les exportations africaines vers les États-Unis, ont continué à fonctionner, malgré l’absence de nouveaux accords significatifs.

La fin du droit d’asile et du droit du sol : un signal pour l’Afrique?

Le retour de Donald Trump suscite des craintes sur l’avenir de cet instrument. La rhétorique nationaliste et protectionniste du président américain pourrait conduire à une remise en question des avantages commerciaux offerts à l’Afrique, sous prétexte de prioriser l’industrie américaine. Dans un contexte où le continent commence à mettre en place la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf), une diminution des échanges avec les États-Unis pourrait ralentir l’intégration économique africaine, déjà fragile.

L’un des points centraux du programme de Trump reste l’immigration, avec des mesures radicales telles que la suppression du droit d’asile et du droit du sol. Ces décisions auront des conséquences bien au-delà des frontières américaines. Pour l’Afrique, continent où des millions de personnes cherchent chaque année à migrer vers l’Amérique ou l’Europe pour échapper aux conflits et à la pauvreté imposée par l’exploitation impérialiste de leurs ressources, ces restrictions accentueront la pression migratoire sur d’autres régions, notamment l’Europe et le Moyen-Orient.

Ces mesures traduisent une volonté de repli nationaliste, qui pourrait inspirer d’autres dirigeants populistes dans le monde. L’Afrique, riche en diversité culturelle et ethnique, pourrait voir certains gouvernements adopter des politiques d’exclusion, fragilisant davantage la cohésion sociale et la stabilité régionale.

Les aides fédérales et les programmes de diversité : une perte pour les Africains?

La suppression annoncée des aides fédérales aux programmes de diversité, qui ont permis à des milliers d’Africains d’étudier ou de travailler aux États-Unis, constitue une autre mesure inquiétante. Ces initiatives ont favorisé la formation d’une élite africaine éduquée, souvent déterminante dans le transfert de compétences et la création de partenariats entre les deux continents.

En privant les étudiants, chercheurs et entrepreneurs africains de ces opportunités, Trump semble indiquer que l’Amérique, sous son mandat, ne s’investira pas dans la construction de liens culturels et humains avec l’Afrique. À long terme, cette coupure risque de priver le continent d’un levier de développement important et de renforcer son isolement face aux autres grandes puissances.

Alors que Donald Trump semble se désintéresser du continent, d’autres acteurs y renforcent leur influence. La Chine, déjà principal partenaire commercial de l’Afrique, pourrait consolider sa position en proposant des accords plus avantageux pour compenser le désengagement américain. La Russie, quant à elle, multiplie les partenariats militaires et diplomatiques avec des États africains, profitant du vide laissé par les États-Unis.

Pour l’Afrique, ce second mandat de Trump pourrait être une opportunité déguisée. Face à un partenaire américain replié sur lui-même, les nations africaines devront accélérer leur quête d’autonomie et diversifier leurs partenariats. La montée en puissance de la ZLECAf, l’essor des infrastructures financées par la Chine, ou encore l’intégration de nouvelles alliances régionales pourraient devenir des leviers pour contourner la dépendance envers Washington.

Le miroir des défis africains

L’ascension de Donald Trump pour un second mandat reflète un défi auquel l’Afrique n’échappe pas : la montée des populismes. À l’instar des États-Unis, où les classes populaires se tournent vers des figures populistes pour exprimer leur colère, plusieurs pays africains connaissent des bouleversements similaires. La désillusion envers les élites, la quête de souveraineté et les inégalités sociales nourrissent des discours nationalistes et protectionnistes, souvent au détriment des minorités et des valeurs démocratiques.

Le retour de Donald Trump à la Maison Blanche est un événement qui transcende les frontières américaines. Pour l’Afrique, il marque une période d’incertitude, mais aussi d’opportunités. Si ce second mandat met en lumière les limites des relations actuelles avec les États-Unis, il pourrait aussi inciter les nations africaines à repenser leur place dans le monde, à s’affirmer davantage sur la scène internationale et à renforcer leur unité.

L’Afrique, face à cette indifférence américaine, a l’occasion de démontrer qu’elle n’est plus un simple sujet de domination ou de condescendance, mais un acteur global capable de définir son propre destin. Comme l’écrivait Hegel, «Rien de grand dans le monde ne sest accompli sans passion.» Et peut-être, dans l’ombre de cet événement américain, l’Afrique prépare-t-elle sa propre révolution silencieuse.

Chiencoro Diarra 


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