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La force du dialogue dans la résolution des problèmes les plus ardus a toujours été reconnue dans les sociétés maliennes, voire africaines. Le processus de Dialogue national inclusif en cours au Mali donne à espérer de meilleur avenir pour ce pays.
Discuter avec autrui pour connaitre ses intentions, lui exprimer ses intentions est une meilleure façon de se comprendre et de se faire la paix. Si l’homme a été le seul être à être doté de langage articulé, c’est pour qu’il réussisse à résoudre ses problèmes de manière pacifique en « enterrant les haches de guerre ».
Les facilitateurs du Dialogue national en compagnie du président de la République. Crédit photo: maliweb.net |
Selon Karl Popper, philosophe anglais du 20e siècle, la discussion critique, ouverte avec son semblable est un véritable signe de rationalisme et par ricochet constitue un « antidote à la guerre ». « Être rationaliste, c’est admettre que l’erreur peut-être de notre côté et la vérité de l’autre, c’est être disposé à un compromis, pour parvenir à la vérité dans les conditions susceptibles de rallier la majorité de l’opinion. Le rationalisme, c’est, en somme, l’attitude de l’homme de science qui sait que la vérité objective ne peut être atteinte qu’au prix de la coopération et de la confrontation des idées », écrivait Popper dans le deuxième tome de La société ouverte et ses ennemis. Il n’y aurait pas une grande différence entre ce rationalisme et l’humanisme, car le rationalisme a une vision égalitaire et humaniste, selon cet intellectuel anglais.
Le dialogue est-il toujours possible ? Il n’est malheureusement possible que lorsqu’il existe une prédisposition mentale de la part des deux parties à rester à l’écoute et à faire des efforts pour se comprendre. Le dialogue ne doit pas être privé de son caractère démocratique. Les acteurs du dialogue doivent parler le même langage. C’est sûrement le non-respect de ce principe qui a dû créer des polémiques au Centre international de conférence de Bamako (CICB) lors du Dialogue national inclusif initié par le gouvernement malien pour discuter des grands défis de l’ère.
Cette importance du dialogue dans la résolution des crises est en phase d’être comprise par beaucoup de pays africains frappés par des conflits communautaires. Des analystes disent même qu’il a toujours été au cœur des politiques de résolution des conflits en Afrique, mais qu’au fil du temps il a juste changé d’appellation. Au lieu de conférences nationales, on a commencé à parler de Dialogue national. Mais pas que cela, au Mali, la pratique de « l’arbre à palabre » est bien connue même si nous avions tendance à la négliger de plus en plus avec la modernisation. En effet, dans toutes les sociétés maliennes, il existait un arbre au milieu du village où tous les problèmes de la communauté étaient discutés de vive voix pour trouver une solution pacifique.
Vue sous cet angle, la conduite du Dialogue national inclusif jusqu’à sa phase finale donne à espérer sur de meilleur avenir pour le Mali. Cela ne sera quand même possible que lorsque les conclusions qui y seront issues deviendront une arme de gouvernance politique, comme l’a laissé croire le Pr Issa Ndiaye lors d’un débatau studio Tamani le jeudi 19 décembre 2019. Discuter est une meilleure manière pour comprendre nos contradictions.
Source : Faso Mali
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