Malgré le potentiel immense du commerce intra-africain, le continent reste vulnérable aux chocs économiques et peine à concrétiser son intégration régionale. Infrastructures défaillantes, dépendance aux matières premières et coûts élevés du commerce freinent son essor. Face à ces défis, le rapport 2024 de la CNUCED propose des pistes pour renforcer la résilience et exploiter pleinement les opportunités du marché africain.
Le commerce en Afrique est à un tournant décisif. C’est ce que souligne le rapport 2024 de la Conférence des Nations unies sur le commerce et le développement (CNUCED) : Unlocking Africa’s Trade Potential – Boosting Regional Markets and Reducing Risks. Pourtant, malgré les opportunités offertes par l’Accord de libre-échange continental africain (ZLECAf), le continent reste vulnérable aux chocs externes, empêchant son essor commercial.
« L’Afrique face aux risques économiques et structurels »
Les chiffres sont sans appel. Selon le rapport, près de 50 % des pays africains dépendent à plus de 60 % des exportations de pétrole, de gaz ou de minerais. Une situation qui expose le continent aux fluctuations des cours mondiaux et limite la diversification de ses échanges. En parallèle, la hausse des coûts d’expédition post-COVID-19 (+115 % par rapport aux niveaux d’avant la pandémie) freine les ambitions commerciales régionales.
« Les pays africains restent largement vulnérables aux chocs économiques, aggravés par des infrastructures limitées et un endettement élevé », note le rapport. Un constat qui rappelle celui de nombreux économistes africains sur la nécessité d’une transformation structurelle du commerce intra-africain.
Une intégration régionale qui tarde à se concrétiser
Depuis l’adoption de la ZLECAf en 2018, l’Afrique affiche son ambition de créer un vaste marché unifié. Mais, en 2024, le constat est amer : seuls 16 des 54 pays africains s’approvisionnent à plus de 0,5 % en intrants intermédiaires provenant d’autres nations du continent.
Où est donc passée cette promesse d’intégration économique ? Où en est cette zone de libre-échange qui devait révolutionner les échanges africains ?
Les infrastructures déficientes, les barrières non tarifaires et la faible compétitivité des industries locales constituent autant de freins à cette intégration tant attendue. Selon le rapport, l’investissement dans les énergies renouvelables, bien que croissant (15 milliards de dollars en 2023), reste dérisoire face aux besoins réels du continent.
Une feuille de route pour l’Afrique ?
Face à ces défis, la CNUCED propose plusieurs pistes d’action. Parmi elles :
- Stabiliser le cadre macroéconomique pour réduire la vulnérabilité aux chocs externes.
- Renforcer les infrastructures régionales et favoriser la connectivité logistique.
- Encourager les investissements intra-africains, qui représentaient entre 13 et 20 % des projets financés en 2023.
- Mettre en place des outils de gestion des risques, notamment via des mécanismes financiers de couverture des fluctuations monétaires.
Si ces recommandations sont mises en œuvre, elles pourraient permettre au continent de surmonter les nombreux obstacles à son développement commercial. Mais encore faut-il une volonté politique et une mise en œuvre effective des politiques déjà annoncées.
Chiencoro Diarra
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