Dans un monde où chacun se pense sage et éclairé, la véritable sagesse réside souvent dans l’humilité de reconnaître son ignorance. Apprendre à se taire sur ce que l’on ne maîtrise pas devient un acte de courage et de réflexion.
Dans notre société moderne, il semble que chacun se croit doté d’une sorte de sagesse innée, comme si nous avions tous accès à une vérité universelle. Pourtant, il suffit de gratter un peu la surface pour s’apercevoir que derrière cette prétendue sagesse se cache souvent une profonde ignorance. Cette tendance à croire que l’on sait tout, ou que l’on a compris l’essentiel, devient un véritable fléau dans nos échanges quotidiens. La capacité à reconnaître ce que l’on ignore, qui est en réalité un premier pas vers la véritable sagesse, manque cruellement à beaucoup d’entre nous.
La peur d’avouer notre ignorance
« Derrière les choses, il y a tout autre chose », dit-on. Une maxime qui rappelle que la réalité n’est jamais aussi simple qu’elle n’y paraît, et que les vérités que l’on croit posséder ne sont souvent qu’une partie de l’équation. Mais, combien sont prêts à admettre que certains sujets leur échappent ? Combien sont capables de dire « Je ne sais pas » ou encore « Ce n’est pas mon domaine de compétence » ? Très peu, malheureusement.
Nous vivons dans un monde où l’opinion de chacun semble pouvoir rivaliser avec le savoir, où une recherche rapide sur internet nous transforme en « experts » en un clin d’œil. Et c’est là que le bât blesse : nous confondons information et connaissance, et pire encore, nous croyons que l’accumulation d’informations équivaut à la sagesse. Or, la véritable sagesse, c’est aussi — et surtout — la capacité à reconnaître les limites de son savoir, à savoir quand se taire, à prendre du recul face à des sujets que l’on ne maîtrise pas.
Dans nos sociétés, la « fausse sagesse » est devenue une norme. Elle prend la forme de discussions enflammées sur des sujets complexes, des prises de position fermes sur des questions dont les détails échappent à la majorité. Les réseaux sociaux amplifient cette tendance. Chacun a quelque chose à dire, peu importe si cela est fondé ou non. Nous sommes tous devenus des spécialistes auto-proclamés, dotés de certitudes sur la santé, la politique, l’éducation, et même des domaines scientifiques complexes. Mais cette sagesse autoproclamée n’est souvent qu’un miroir reflétant notre peur d’avouer que nous ignorons beaucoup de choses.
Le chemin vers la véritable sagesse
Alors que faire face à cette prolifération de « fausses sagesses » ? La première chose serait de réapprendre l’humilité. Savoir admettre que nous n’avons pas toutes les réponses et que, parfois, l’abstention est une vertu. Rien n’est plus noble que de reconnaître ses propres limites, de dire « je ne sais pas » ou encore « je dois m’informer avant de donner mon avis ». C’est là que se trouve la véritable sagesse : dans la reconnaissance de l’étendue de notre ignorance.
Ensuite, il est crucial de retrouver le goût du silence. Ce n’est pas parce que nous avons une opinion que celle-ci mérite d’être exprimée à tout prix. Le monde n’a pas besoin de plus de bruit, il a besoin de plus de réflexion, de plus de nuances. Se taire, ce n’est pas un signe de faiblesse, c’est un signe de maturité. L’abstention face à ce que nous ne comprenons pas totalement est, en réalité, un acte de courage.
Nous devons également valoriser ceux qui prennent le temps de comprendre avant de parler. La sagesse, la vraie, ne se trouve pas dans la vitesse à laquelle on réagit à l’actualité ou à la capacité à trancher sur des sujets complexes sans nuances. Elle se trouve dans l’écoute, la réflexion et la capacité à s’entourer de personnes qui en savent plus que nous.
Ainsi, le chemin vers la véritable sagesse commence par la remise en question de cette « fausse sagesse » qui nous envahit. Reconnaître nos limites, s’abstenir de parler sur des sujets que l’on ne maîtrise pas, et admettre que derrière chaque chose il y a autre chose que nous ne comprenons peut-être pas encore. C’est seulement ainsi que nous pourrons réellement prétendre à cette sagesse tant recherchée, qui ne se nourrit pas de certitudes, mais d’humilité et de silence.
Fousseni Togola
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