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Ingérence d’Algérie : A Kati, la rue dit non

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Au lendemain d’une manifestation devant l’ambassade d’Algérie à Bamako, la ville de Kati a vu défiler ce 9 avril 2025 une foule compacte venue dénoncer l’ingérence algérienne et réaffirmer son soutien à la transition malienne. Entre patriotisme affiché, ressentiment géopolitique et désir d’émancipation, la rue malienne fait entendre sa voix, avec ferveur et détermination.

À l’appel de la société civile, une grande marche de protestation contre l’agression algérienne s’est tenue sous un ciel de plomb et de ferveur. Des milliers de citoyens, sans distinction d’âge, de fonction ou de condition, ont envahi les artères principales de la ville. De la mairie jusqu’à la préfecture, le cortège a déroulé sa détermination inébranlable, dans le calme, mais avec une intensité qui n’avait rien d’anodin.

La médiatrice dans la crise malienne pointée du doigt 

Femmes drapées de cire vives, jeunes aux regards droits, vieillards accoudés à l’histoire et même personnes vivantes avec un handicap : toute la population de Kati semblait avoir répondu présente. Étaient également là, côte à côte, les autorités politiques, administratives et coutumières, ainsi que des membres du Conseil National de la Transition (CNT). Une image rare, presque solennelle, d’unité nationale face à une indignation commune : l’attaque d’un drone malien par l’Algérie.

Les Maliens manifestent à Kati pour dénoncer l'ingérence algérienne dans le conflit malien.
Les Maliens manifestent à Kati pour dénoncer l’ingérence algérienne dans le conflit malien, le 9 avril 2025. I.K.D/ Sahel Tribune.

La veille, Bamako avait ouvert le bal avec une manifestation devant l’ambassade d’Algérie. Une mise en scène quasi-diplomatique, destinée à pointer du doigt une ingérence de plus en plus mal perçue. À Kati, le ton est monté d’un cran. Dans cette foule compacte, nul besoin d’interprètes : les messages sont limpides, imprimés sur papier glacé ou criés à pleins poumons. « Algérie agresse, le Mali progresse », résume une pancarte brandie par un homme enveloppé du drapeau national. Non loin, une autre affiche, « À bas l’agression, vive la Transition », exhibe des restes de missiles, comme pour ancrer le discours dans le réel. Ici, l’émotion populaire s’est faite politique. Et la politique, à son tour, s’est fondue dans un patriotisme sans filtre.

Mais à Kati, l’indignation ne s’est pas contentée de crise. Une déclaration solennelle, préparée avec soin, a été remise en fin de parcours au gouverneur de la région de Koulikoro, le Colonel Lamine Kapory Sanogo, spécialement présente pour l’occasion. Le document, lu publiquement, condamne avec la plus grande fermeté l’agression jugée « inacceptable » et qualifiée de violation du droit international et des principes fondamentaux du bon voisinage. L’Algérie, longtemps considérée comme médiatrice dans la crise malienne, se retrouve aujourd’hui pointée du doigt par la rue.

Le Mali entend désormais écrire lui-même son récit

Et la rue, justement, a aussi formulé ses attentes. Dans cette même déclaration, la population de Kati a exprimé son soutien total à toutes les démarches légales et diplomatiques engagées par les autorités, y compris le dépôt d’une plainte officielle contre l’Algérie devant les instances internationales compétentes. Une diplomatie offensive, en réponse à ce que beaucoup ici considère comme une humiliation.

Les Maliens manifestent à Kati pour dénoncer l'ingérence algérienne dans le conflit malien;
Les Maliens manifestent à Kati pour dénoncer l’ingérence algérienne dans le conflit malien, le 9 avril 2025. I.K.D/ Sahel Tribune.

Dans un geste fort, les manifestants ont également salué la solidarité sans faille des chefs d’États de l’Alliance des États du Sahel (AES), cette union nouvelle née en septembre 2023, mais déjà centrale dans les équilibres régionaux. Et réaffirmé leur soutien indéfectible aux autorités de la Transition, ainsi qu’aux Forces armées maliennes et à celles de l’AES, présentées comme les garantes de la souveraineté nationale.

En réceptionnant la déclaration, le gouverneur de Koulikoro a tenu à remercier chaleureusement les habitants de Kati pour leur engagement citoyen. Il s’est engagé à transmettre le message « à qui de droit, dans les plus brefs délais ». Un rituel républicain, mais chargé d’un poids inédit.

Ce 9 avril, Kati a donc parlé. Fort. Et dans un pays où l’opinion publique s’est longtemps exprimée à voix basse, cette prise de parole collective sonne comme un avertissement. À l’Algérie, bien sûr, mais aussi au monde. Le Mali, en transition ou non, entend désormais écrire lui-même son récit. Même au prix de quelques tensions frontales.

Chiencoro Diarra


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