Le harcèlement sexuel dans le milieu du travail est un fléau qui frappe durement les femmes, considérées comme le sexe faible. Plusieurs en sont victimes dans le silence. Occupées des positions d’autorité dans des entreprises expose bon nombre d’entre elles au harcèlement sexuel et des conduites inconvenantes liées au sexe. À la demande des victimes, nous avons décidé de ne pas dévoiler leur véritable identité.
Une main sur la cuisse, des commentaires sur le physique, des sms ou mails plus que déplacés ou chantage sont la réalité que vivent plusieurs femmes dans l’exercice de leur fonction. Certaines perdent leur travail, d’autres cèdent au chantage, et certaines comme Jeanne, 44 ans n’y retournent plus.
« Un gage de notre beauté, de notre valeur en tant que femme »
À vingt-deux ans, Jeanne faisait un stage dans le cadre de ses études. Elle travaillait avec un couple dans un grand salon de décoration. « Dès la première semaine, le mari me propose d’aller boire un verre au café d’en face. Il explique qu’il a à me parler. Je suis très timide, mais je ne me laisse jamais marcher sur les pieds pour autant », a-t-elle expliqué. Gorgée nouée, elle indique comment cette séance, censée rester dans le cadre professionnel, a rapidement basculé en scène romantique. Très rapidement, le patron « pose sa main sur ma cuisse. Je le repousse, mais je suis tétanisée et je pense immédiatement à sa femme restée à la boutique ».
Ce comportement déplacé de son patron a conduit Jeanne à ne plus se présenter au stage. Mais Jeanne n’est pas la seule victime de cette situation. Vieille de 32 ans, Adjaratou a été harcelée par au moins six de ses supérieurs hiérarchiques, par des collègues aussi.
« Je n’ai jamais pu en parler. Car je risquais ma place », déplore-t-elle tout en précisant que généralement le harceleur est « muté ou nommé grand chef alors que la pénible femme, la victime qu’on n’a pas envie d’entendre, est en dépression chez elle ou pire mise à la porte ».
« J’ai entendu des “si tu couches avec moi, tu as la place”, des “contre un petit massage, je t’arrange ce dossier”. J’ai eu droit à des questions sur ma vie sexuelle, la taille de mes seins, des commentaires sur mes fesses, des demandes de fellation ou même des mains baladeuses », explique la jeune dame tout en déplorant que cette pratique soit vue par certaines filles comme « un gage de notre beauté, de notre valeur en tant que femme ».
« Je me retrouve bloquée »
Si certaines femmes arrivent à échapper à ce fléau, d’autres, comme Mariam, aide-soignante âgée de 25 ans, n’y échappent pas. En recherche d’emploi, l’oncle de son ami accepte sa demande, mais devait passer un bout de temps en stage afin de tester son niveau d’expériences.
« Il partait pour une mission. Il m’a proposé de l’accompagner pour faire un essai. J’ai accepté. Nous avons roulé toute la nuit. Au petit matin, il s’est arrêté dans un hôtel “pour se reposer” », explique la jeune fille. Cette première sortie est restée gravée dans la mémoire de la jeune fille :« Il m’a dit que nous pourrions nous allonger. Il me demande de ne pas m’inquiéter, car il “me considère comme sa nièce », raconte la jeune Mariam. Mais, elle ne tarde pas à découvrir le côté pervers de son « oncle ». « Peu à peu, il s’est approché de moi tout en disant “j’ai envie de toi”. Soudain, je me retrouve bloquée. Il me demande de ne pas bouger et de le laisser faire », déplore-t-elle, la gorgée nouée. Malgré qu’elle s’est débattue, Mariam ne sortit de cette chambre d’hôtel que lorsqu’elle accepte de faire à cet inconnu une fellation, a-t-elle souligné. « J’avais tellement de dégoûts pour moi-même », indique-t-elle.
La jeune aide-soignante ne prend conscience qu’elle venait de subir un acte de violence sexuelle que grâce à une formatrice, qui lui a expliqué que « quand une femme dit non et refuse l’acte, elle ne doit pas subir de relation forcée ».
Le harcèlement sexuel, contraire à la politique de la loi sur le genre adoptée en 2015 au Mali, est prohibé par plusieurs textes régissant le secteur du travail. Au Mali, les victimes, en raison du poids de la société, n’arrivent toujours pas à sortir de leur silence et préfèrent garder ces agressions pour elles-mêmes.
Hawa Diaby
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