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Guerre ukrainienne : l’Afrique de l’Ouest confrontée à une pénurie d’hydrocarbures

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La plupart des pays d’Afrique de l’Ouest sont frappés par une pénurie d’hydrocarbures. Cette situation pourrait conduire à des instabilités politiques et des troubles sociaux dans cette région déjà exposée à une insécurité djihadiste et une épidémie de coup d’Etat.

L’Afrique est confrontée à plusieurs crises dont le nombre ne fait qu’augmenter. A la crise sécuritaire se sont ajoutées celle climatique et, par ricochet, celle de la pandémie de la Covid-19. Depuis fin février, une crise d’hydrocarbures s’est installée, notamment au Mali. Ce pays d’Afrique de l’Ouest est frappé par une pénurie d’hydrocarbures, entraînant ainsi une augmentation du prix des carburants dans les stations-services. 

Selon certains fournisseurs, le litre du gasoil – qui était cédé à Abidjan entre 300 à 400 FCFA, et revendu sur le marché national entre 500 et 550 Fcfa – est de nos jours fourni à 700 FCFA et revendu à 750 FCFA sur le marché malien.

Dépendance du continent

En mars 2022, l’Office national des produits pétroliers (Onap) avait fixé le prix des hydrocarbures à 762 fcfa pour l’essence et 760 fcfa pour le gasoil. Ce phénomène touche plusieurs pays de la région. En avril dernier, la capitale sénégalaise, Dakar, était également frappée par une pénurie de kérosène en raison « d’une conjoncture internationale défavorable ».

Depuis le début de la guerre en Ukraine, fin février, les cours du pétrole se sont envolés sur les marchés mondiaux. La Russie assure 60 à 70 % des importations d’hydrocarbures dans la quasi-totalité des pays d’Afrique de l’Ouest.

Cette situation n’est pas sans conséquence sur le continent. Des experts en développement de l’ONU, expliquaient, le 6 mai dernier, que cette dépendance du continent vis-à-vis des importations de carburant, le rendait particulièrement vulnérable à la hausse de l’inflation mondiale. « Des hauts responsables de l’ONU craignent que la hausse des coûts […] ne conduise à une instabilité politique et à des troubles sociaux dans certaines régions d’Afrique », souligne l’économiste principal du PNUD pour l’Afrique, Raymond Gilpin. Selon lui, les tensions pourraient également augmenter avec une « forte possibilité » de transformation en manifestations violentes.

La région Afrique de l’Ouest fait déjà face à une crise sécuritaire et des coups d’État notamment au Mali, en Guinée et au Burkina Faso. Dans ces pays, les sanctions de la Cédéao pèsent déjà sur les populations.

Probable augmentation des prix de l’énergie

Le vice-président de la Banque mondiale pour le pôle Croissance équitable, finances et institutions, indique que ce choc est « aggravé par une recrudescence des restrictions au commerce […] du carburant ». Les prévisions de la Banque mondiale font ressortir que « les prix de l’énergie vont probablement grimper de plus de 50 % en 2022 avant de baisser en 2023 et 2024 ». 

La dernière édition du rapport Commodity Markets Outlook, publiée par la Banque mondiale, en avril dernier, précise que « les prix vont se maintenir à des niveaux historiquement élevés jusqu’à la fin de 2024 ». Selon l’institution financière mondiale, « en raison des perturbations du commerce et de la production consécutives à la guerre, le cours du pétrole brut (Brent) devrait atteindre une moyenne de 100 dollars le baril en 2022, ce qui correspond à son plus haut niveau depuis 2013 et à une augmentation de plus de 40 % par rapport à 2021 ». Cependant, « il devrait baisser à 92 dollars en 2023, ce qui sera bien au-dessus de la moyenne sur cinq ans de 60 dollars le baril ».

Le rapport de la Banque mondiale exhorte les responsables politiques à agir rapidement pour minimiser les dommages causés tant à leurs concitoyens qu’à l’économie mondiale. Au cours de sa visite à Dakar, au début du mois de mai, M. Guterres a invité les pays à « résister à la tentation d’accumulation et [à la libération] des stocks stratégiques et les réserves supplémentaires pour les pays qui en ont besoin ».

Chiencoro Diarra


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