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Grève du SYNABEF : Bamako paralysé entre banques fermées, stations-service divisées et citoyens inquiets

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Depuis le jeudi 17 avril 2025, Bamako est confrontée à une grève d’ampleur déclenchée par le Syndicat National des Banques, Assurances, Établissements Financiers, Commerces et Stations-service du Mali (SYNABEF). Ce mouvement social, prévu pour 72 heures, devrait initialement prendre fin le samedi 19 avril à minuit. Toutefois, le syndicat a d’ores et déjà annoncé une reconduction de 120 heures, du 22 au 26 avril, si aucune solution n’est trouvée avec les autorités.

Le mot d’ordre est sans équivoque : aucun service minimum ne sera assuré durant la grève. Les secteurs bancaires et pétroliers, principaux concernés, sont particulièrement affectés à Bamako, avec des répercussions importantes sur l’économie locale, les citoyens et les petits commerçants.

Banques fermées, services gelés

À Bamako, les agences de toutes les grandes banques – telles que BDM-SA, BOA, Ecobank, BNDA, Coris Bank, Orabank, etc. – ont totalement cessé leurs activités dès le premier jour de la grève. Aucun guichet automatique n’est opérationnel, aucune opération de retrait ou de dépôt n’est possible, plongeant les usagers dans une frustration généralisée.

Pour Soumaila Traoré, enseignant, cette grève est incompréhensible et injuste. Il déplore le fait que l’accès à son propre argent soit bloqué pour des raisons syndicales, estimant que l’on ne peut pas fournir un double effort pour épargner et ensuite pour accéder à ses fonds.

À l’inverse, Youssouf Bagayoko, surveillant général dans un établissement privé, comprend les revendications du SYNABEF. Selon lui, un travailleur qui n’est pas dans de bonnes conditions ne peut pas donner le meilleur de lui-même. Il affirme ne pas en vouloir aux grévistes malgré l’impact sur la vie quotidienne.

Stations-service, une réponse en demi-teinte

Contrairement au secteur bancaire où la grève est unanimement suivie, le secteur des stations-service est divisé. Les multinationales comme Total Energies (ex-Total), Shell et Oryx ainsi que Star Oil ont suivi le mot d’ordre syndical. Toutes leurs stations dans la capitale sont restées fermées dès le matin du 17 avril, affichant des messages de soutien au mouvement.

En revanche, les stations nationales telles que Yara Oil, Yara, Petro Bama, Somayaf et autres stations nationales n’ont pas adhéré à la grève. Leurs responsables ont choisi de maintenir leurs activités, permettant à de nombreux usagers d’avoir accès au carburant malgré la situation.

Ce choix a entraîné une forte affluence dans les stations ouvertes, avec des files interminables dans plusieurs quartiers : Bacodjicoroni, Kalaban Coura, Kalaban Coro, Médina Coura, entre autres. Les pompistes se disent débordés, avec des ventes qui ont largement dépassé les moyennes journalières habituelles.

Commerçants et citoyens pris en étau

Dans les marchés et les petits commerces de Bamako, les conséquences de la grève se font vivement sentir. Le blocage des opérations bancaires empêche nombre d’entre eux de passer des commandes, d’acheter leurs marchandises ou d’être payés, surtout en cette veille de pâques.

Fatoumata Coulibaly, vendeuse au marché de Médina-Coura, confie qu’elle perd des clientes car les paiements électroniques ne passent pas. Même constat chez Modibo Keïta, commerçant en gros à Sogoniko, qui dit ne pas pouvoir renouveler son stock faute de virements possibles.

Les consommateurs, quant à eux, manifestent leur inquiétude. Sidibé Mariam Diallo, citoyenne, lance un appel à la clémence des grévistes et exhorte les autorités à engager un dialogue rapide pour éviter une crise économique. Selon elle, cette grève touche toutes les couches de la population et risque de paralyser l’économie si elle s’éternise.

Silence du SYNABEF et incertitudes à venir

Malgré plusieurs tentatives, nous n’avons pu joindre aucun responsable syndical pour avoir plus d’informations sur l’état des négociations ou les raisons précises du blocage avec le gouvernement. Les autorités maliennes, elles aussi, gardent le silence pour l’instant.

Ce vide communicationnel ajoute à la tension ambiante à Bamako. L’hypothèse d’une prolongation de la grève de cinq jours supplémentaires à partir du mardi 22 avril inquiète les travailleurs, les commerçants, les parents d’élèves et les étudiants qui dépendent des services bancaires et énergétiques.

Vers une solution ou une escalade ?

Le bras de fer engagé entre le SYNABEF et les autorités pourrait avoir de lourdes conséquences sur l’économie locale, déjà fragilisée par d’autres défis socio-économiques. Bamako, en particulier, risque de subir une paralysie prolongée si aucun compromis n’est trouvé rapidement.

Dans cette situation, l’appel au dialogue semble être la seule voie pour éviter que la crise ne s’aggrave davantage. Les citoyens, en majorité, réclament une médiation urgente pour sortir de l’impasse, tout en reconnaissant le droit à la grève des travailleurs.

Ibrahim Kalifa Djitteye 

  

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