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G5 Sahel : la mise sous chapitre VII ne garantit pas un financement pérenne (Kamissa Camara)

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Kamissa Camara, ex-ministre des Affaires étrangères et de la Coopération internationale du Mali, garde peu d’espoir sur l’atteinte des objectifs attendus de la mise sous chapitre VII du G5 Sahel. Elle lance un appel pressant aux dirigeants des pays du G5 Sahel. 

Depuis près de deux ans, les dirigeants africains, réunis au sein de la Coalition régionale du G5 Sahel (Mali, Burkina Faso, Mauritanie, Tchad et Niger) demandent une mise sous chapitre VII de la Charte des Nations unies. Le but de cette demande est d’assurer à la Coalition un financement pérenne.

Dans une tribune publiée dans les colonnes du Jeune Afrique, jeudi 25 février 2021, l’ancienne ministre des Affaires étrangères et de la Coopération internationale du Mali, Kamissa Camara estime que les dirigeants des pays du G5 Sahel se tromperaient. Cette mise sous chapitre VII n’est pas une garantie à un financement pérenne au G5 Sahel, a-t-elle indiqué. « Dans le contexte actuel, cette mise sous chapitre VII — qui permet au Conseil de sécurité de constater “l’existence d’une menace contre la paix, d’une rupture de la paix ou d’un acte d’agression” — est certes une possibilité, mais elle ne garantirait au G5 Sahel aucun financement sur le long terme », a-t-elle averti.

Le chapitre VII ne garantit pas le financement

En toutes choses, le meilleur maître est l’expérience, dit-on le plus souvent. À partir de cas concrets, l’ancienne secrétaire générale de la présidence de la République du Mali justifie le bien-fondé de son avertissement. Elle s’appuie sur la mise en place de la Mission de l’Union africaine en Somalie, l’Amisom. Selon ses explications, cette mission mise en place pour aider les autorités de la transition au retour à la normale a été rapidement mise sous chapitre VII par le Conseil de sécurité de l’ONU, en 2007. Une mission qui sera ensuite autorisée en 2009 à combattre le groupe terroriste des Shebab.

« Si l’Amisom continue aujourd’hui d’exister, ses opérations souffrent depuis peu de l’instabilité de son financement », a-t-elle déploré. Selon ses précisions, ces genres de constatation permettent de comprendre que la mise sous chapitre VII « n’est aucunement une passerelle garantie vers un financement régulier de la FC-G5S. »

Toutefois, elle ne fait aucun doute que cette mise sous chapitre VII permettra de donner une « légitimité internationale et un cachet politique » au G5 Sahel. Mais elle reste convaincue que c’est simplement en théorie qu’elle lui facilitera « l’obtention de financements additionnels et la concrétisation effective et rapide des promesses de ses bailleurs ».

« Une solution domestique qui répond à un problème domestique »

Kamissa Camara souligne également l’opposition des États-Unis et la Russie à la mise du G5 sous chapitre VII. « Selon eux [Les États-Unis et la Russie NDLR ], le G5 Sahel étant une organisation régionale dont les membres opèrent sur leur propre territoire, la FC-G5S est une solution domestique qui répond à un problème domestique », précise-t-elle.

L’experte senior sur le Sahel à l’Institut des États-Unis pour la paix (Usip) apporte des précisions sur ce chapitre VII de la Charte des Nations unies. Selon ses précisions, il est réservé généralement aux « missions onusiennes de maintien de la paix qui sont, par définition, internationales ». Toujours selon Kamissa Camara, ce chapitre donne ainsi le droit à ces missions onusiennes de faire recours à la force.

En raison de tous ces contours de la mise sous chapitre VII du G5 Sahel, l’ancienne ministre estime qu’il revient aux « pays du G5 de trouver les mécanismes adéquats pour financer leur propre sécurité tout en s’inscrivant dans la durée ».

Fousseni Togola


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