Le rapport du Vérificateur général sur la gestion de l’OPAM entre 2020 et 2022 révèle de graves irrégularités financières et administratives, compromettant la transparence des marchés publics et la sécurité alimentaire du Mali.
L’Office des Produits agricoles du Mali (OPAM), cette structure censée garantir la régulation du marché céréalier et la sécurité alimentaire des populations, est aujourd’hui dans la tourmente. Le dernier rapport du Vérificateur général dresse un constat accablant : mauvaise gestion, paiements injustifiés, irrégularités administratives… Une faillite silencieuse qui met en péril l’un des piliers essentiels du pays.
Une gestion des stocks qui frôle le scandale
L’OPAM est censé gérer avec rigueur les stocks stratégiques de céréales, garants de la résilience du pays face aux crises alimentaires. Pourtant, le rapport révèle des dysfonctionnements criants dans la gestion des ressources. « L’Office n’a pas respecté les procédures de passation des marchés, entraînant des contrats irréguliers et un manque de contrôle sur les prestations exécutées », souligne le rapport du BVG.
Pire encore, des fournisseurs ont été payés sans preuve de services rendus. Le Vérificateur met ainsi en lumière des « paiements effectués en l’absence de pièces justificatives suffisantes », une pratique qui interroge sur la transparence de la gestion financière de l’institution.
Le rapport pointe également du doigt l’opacité dans la gestion des céréales. En principe, l’OPAM est chargé d’assurer « le suivi rigoureux des entrées et sorties des stocks », mais les auditeurs ont découvert des écarts inexplicables entre les quantités déclarées et les stocks réellement disponibles.
Dans un pays où l’insécurité alimentaire frappe régulièrement des milliers de foyers, de telles irrégularités ne relèvent pas de la simple négligence, mais d’une mise en danger manifeste de la population.
Un impact direct sur les populations vulnérables
Le rôle de l’OPAM ne se limite pas à une simple gestion administrative des céréales. Il est censé être le rempart contre la faim, particulièrement pour les populations les plus exposées aux crises alimentaires. Or, le rapport souligne « l’incapacité de l’Office à assurer un approvisionnement régulier des stocks stratégiques », une situation qui aggrave la précarité alimentaire dans plusieurs régions.
Comment comprendre qu’en pleine période de crise, des stocks censés être disponibles se volatilisent sans explication crédible ? Comment justifier des paiements à des fournisseurs alors que les denrées ne sont pas livrées en temps voulu ?
L’urgence d’une réforme en profondeur
Le Vérificateur général ne se contente pas de pointer les manquements, il appelle aussi à des mesures correctives immédiates. Il recommande notamment « le renforcement des contrôles internes, la mise en conformité des procédures d’achats et une gestion plus rigoureuse des stocks. »
Si des réformes ne sont pas rapidement engagées, le Mali court le risque de voir son dispositif de sécurité alimentaire totalement fragilisé, au moment où le pays a plus que jamais besoin d’une gestion transparente et efficace de ses ressources stratégiques.
L’OPAM survivra-t-il à ce scandale ? Une chose est sûre, l’opinion publique ne pourra plus détourner le regard. L’heure des comptes a sonné.
A.D
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