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France : en cas de guerre, Paris ne tiendrait que trois à cinq semaines

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Un rapport parlementaire tire la sonnette d’alarme. En cas de guerre de haute intensité, la France ne tiendrait que quelques semaines. Entre pénurie d’obus, obsolescence de l’artillerie et dépendance industrielle, le pays se découvre vulnérable, au moment même où la guerre classique fait son retour en Europe.

Il suffit de quelques chiffres pour faire tomber les illusions. En cas de guerre de haute intensité, la France ne tiendrait que quelques semaines. Le constat, glaçant, ne vient pas d’un think tank alarmiste ou d’un général en retraite. Il émane d’un rapport parlementaire officiel, récemment remis à l’Assemblée nationale. Et ce qu’il révèle, c’est la nudité stratégique d’un pays qui se croyait encore puissance militaire.

Alors que les armées ukrainienne et russe échangent quotidiennement des milliers d’obus sur les steppes du Donbass, Paris se découvre soudain à court de tout : obus, canons, radars, stocks, capacités industrielles. Le pays des 75 mm et de la bataille de Verdun n’a plus que 9 lance-roquettes unitaires — tous bientôt obsolètes. Aucun plan de remplacement immédiat. La réalité est crue. La France est désarmée pour une guerre moderne.

Une armée calibrée pour la paix

Depuis trois décennies, la stratégie militaire française s’est construite sur une illusion : celle d’un monde post-conflit, où les engagements seraient limités, asymétriques, ponctuels. Résultat ? Des coupes budgétaires, des réductions de format, une armée conçue pour la projection, pas pour la résistance. Si la guerre revient sur le sol européen — comme c’est déjà le cas en Ukraine — Paris tiendrait trois à cinq semaines, estiment les rapporteurs. Ensuite ? Il faudrait mendier du soutien chez les alliés. Ou rendre les armes.

Ce déficit ne se limite pas à l’artillerie. C’est toute la chaîne du feu qui est défaillante : absence de munitions à longue portée, radars dépassés, logistique insuffisante, systèmes de commandement vulnérables. Dans un monde où la guerre est redevenue une affaire de masse et d’usure, la France fait la guerre à l’économie. Elle la perdrait à la vitesse du son.

L’héritage d’un déni

La faiblesse actuelle est l’héritage direct de décennies de déni. Depuis la fin de la guerre froide, la France a fait le choix d’une armée légère, rapide, technologiquement performante. Mais la guerre en Ukraine, avec ses tranchées, ses drones suicides, ses orgues de Staline modernes, a brutalement remis la guerre classique au goût du jour. Et dans cette nouvelle grammaire, la France ne parle plus la langue du feu.

Pire, les capacités de production nationale sont aujourd’hui incapables de soutenir un effort de guerre prolongé. Le tissu industriel de défense, fragmenté, sous-financé, dépendant de sous-traitants étrangers, ne peut reconstituer les stocks que sur plusieurs années. On ne gagne pas une guerre en huit ans de commandes.

Une souveraineté sous perfusion

Ce constat alarmant pose une question dérangeante : à quoi sert la dissuasion nucléaire quand on est incapable de tenir un front conventionnel ? À quoi bon brandir l’arme atomique si l’on n’est pas capable de défendre Brest, Strasbourg ou Paris sans assistance ? La souveraineté française est aujourd’hui sous perfusion industrielle, stratégique, logistique. L’autonomie proclamée par les doctrines de défense se heurte à la réalité d’un appareil militaire épuisé avant même d’avoir combattu.

Il ne s’agit plus seulement de réarmer. Il s’agit de réapprendre à se défendre. La France est entrée dans le XXIe siècle avec une doctrine du XXe et des moyens du XIXe. Le réveil risque d’être rude.

Chiencoro Diarra


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