Après une valse diplomatique à travers le Kenya, le Rwanda et finalement la Côte d’Ivoire, Stéphane Séjourné, ministre français des Affaires étrangères, s’est posé le temps d’un entretien sur des médias occidentaux . Dans le salon feutré d’Abidjan, loin du tumulte parisien, Séjourné a déroulé le tapis de la diplomatie française avec une aisance qui frôle la nonchalance. Mais derrière cette apparente sérénité, n’y aurait-il pas un brin de mélancolie pour ce vieux continent africain, tiraillé entre son passé et les promesses d’avenir ?
Parlons franc, mais surtout du franc CFA. Ce sujet, aussi épineux qu’un baobab centenaire, a été abordé avec une prudence de sioux. « Ce n’est pas à la France d’avoir un avis« , a tranché Séjourné, comme pour esquiver une flèche empoisonnée. Pourtant, cette monnaie, héritage d’un temps révolu, continue de lier l’Afrique à la France dans un ballet économique qui peine à trouver son final. « Nous voulons bien accompagner ce mouvement« , assure-t-il, mais avec la distance d’un spectateur plutôt que l’engagement d’un danseur. Changer le nom ? Réorganiser la monnaie ? « C’est de la souveraineté des États africains« , dit-il, comme on se débarrasse d’un dossier brûlant.
Mais le clou du spectacle fut, sans doute, son commentaire sur l’élection présidentielle au Sénégal. Un « bon exemple (…) d’alternance démocratique« , s’est-il réjoui, applaudissant les institutions sénégalaises avec la ferveur d’un supporter en tribune. Un « message envoyé à un certain nombre de régimes« , a-t-il ajouté, avec cette pointe de moralité qui sied si bien à la diplomatie française.
Cependant, ne vous y méprenez pas, derrière ces louanges se cache un appel voilé à une réflexion plus profonde sur le modèle démocratique, un modèle que la France aime à exporter comme ses croissants et ses fromages. Mais dans ce grand marché des idées, l’Afrique cherche encore sa propre recette pour concilier tradition et modernité.
« Redonner du positivisme aux relations entre la France et l’Afrique« , tel est le mantra de Séjourné. Une noble quête, certes, mais qui ressemble par moments à une navigation à vue dans les eaux troubles de la post-colonialité. L’Afrique, avec ses rêves et ses cicatrices, avance, tandis que la France, tel un vieux sage, propose son accompagnement, une main tendue mais hésitante.
Au final, cette tournée africaine de Séjourné et ses discours, aussi policés soient-ils, ne doivent pas nous faire oublier l’essentiel : l’Afrique ne danse plus seule. Elle invite le monde à rejoindre sa ronde, non pas comme des maîtres de ballet, mais comme des partenaires dans une chorégraphie qui reste à inventer. Et si l’harmonie n’est pas encore parfaite, la musique, elle, promet d’être entraînante.
Chiencoro Diarra
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