Le Festival panafricain du cinéma et de la télévision de Ouagadougou (FESPACO) a officiellement ouvert ses portes pour sa 29e édition le samedi 22 février 2025. Cette année, la biennale du 7e art africain est placée sous le thème « Cinéma d’Afrique et identités culturelles », une thématique qui invite à une réflexion sur l’ancrage culturel et l’expression des réalités africaines à travers le cinéma.
La cérémonie d’ouverture s’est tenue dans l’emblématique palais des sports de Ouagadougou, en présence du Président de la Transition du Burkina Faso, le capitaine Ibrahim Traoré, et du Président de la République du Tchad, le maréchal Mahamat Idriss Déby Itno, dont le pays est l’invité d’honneur de cette édition.
Ce choix du Tchad comme invité d’honneur marque une opportunité pour son secteur cinématographique en quête de reconnaissance et d’expansion. En marge du lancement officiel, le Président tchadien a réitéré son engagement à soutenir les cinéastes de son pays et du continent, les assurant qu’ils ne sont pas seuls sur la scène internationale.
Après cette cérémonie, marquant aussi la première visite d’amitié et de travail de Mahamat Déby au Burkina Faso, il a été raccompagné par son homologue burkinabè, scellant ainsi l’excellence des relations bilatérales entre les deux nations.
Un vibrant hommage à Souleymane Cissé
Un moment fort de cette ouverture a été l’hommage rendu à Souleymane Cissé, figure emblématique du cinéma malien, décédé à Bamako à l’âge de 84 ans, quelques jours avant l’événement. Le réalisateur, qui devait présider le jury de cette 29e édition, laisse derrière lui des œuvres qui ont fortement influencé le cinéma africain. Son engagement en faveur d’un cinéma enraciné dans les réalités africaines et son apport à l’essor du 7e art sur le continent ont été unanimement salués.
Considéré comme l’un des plus grands cinéastes africains, Souleymane Cissé a notamment marqué l’histoire avec « Yeelen », récompensé au Festival de Cannes en 1987. Double vainqueur de l’Étalon de Yennenga, son parcours et son héritage ont été évoqués par plusieurs professionnels du secteur, soulignant l’importance de son travail dans la construction d’un cinéma africain authentique et indépendant.
Une compétition relevée et des projections prestigieuses
Pour cette édition, plus de 200 films ont été sélectionnés en compétition officielle, répartis en plusieurs catégories : courts-métrages, documentaires, séries télévisées et films d’animation. Parmi eux, 17 longs-métrages sont en lice pour la prestigieuse récompense, l’Étalon d’or de Yennenga.
Le Burkina Faso, pays hôte, est représenté par « Katanga, la danse des scorpions » de Dani Kouyaté et « Les Invertueuses » de Chloé Aïcha Boro. Ces films rivaliseront avec d’autres œuvres venues de tout le continent, reflétant la diversité et la richesse du cinéma africain.
En ouverture, le film hors compétition « Black Tea » du Mauritanien Abderrahmane Sissako a été projeté. Un choix symbolique, Sissako étant l’un des cinéastes africains les plus reconnus sur la scène internationale, avec notamment son César du meilleur film en 2015 pour « Timbuktu ».
Un festival au service de la souveraineté culturelle africaine
Dans son discours d’ouverture, le ministre burkinabè de la Culture, Gilbert Ouédraogo, a souligné que le cinéma est un « miroir de la société et un vecteur puissant d’appropriation de notre culture, de nos valeurs et de nos luttes ». Il a rappelé que le FESPACO, au-delà d’être une fête du cinéma, est un engagement politique collectif pour la culture panafricaine.
De son côté, le ministre tchadien du Développement touristique, de la Culture et de l’Artisanat, Abakar Rozzi Teguil, a exprimé sa fierté de voir son pays à l’honneur, soulignant que « la souveraineté culturelle africaine passe avant tout par la valorisation de nos arts et traditions ».
Depuis sa création en 1969, le FESPACO est devenu l’un des plus grands festivals de cinéma en Afrique et une vitrine incontournable pour les cinéastes du continent. Cette 29e édition promet d’être un moment de célébration, de réflexion et d’engagement en faveur d’un cinéma authentiquement africain.
L’événement se poursuivra jusqu’au 1er mars 2025, date à laquelle seront dévoilés les lauréats des différentes catégories, avec en point d’orgue l’attribution tant convoitée de l’Étalon d’or de Yennenga.
Ibrahim K Djitteye
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