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Faure Gnassingbé, nouvel allié du triumvirat sahélien ?

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Le Togo franchira-t-il le pas vers la Confédération des États du Sahel (AES) ? Longtemps allié discret du triumvirat sahélien, Lomé envisage désormais une adhésion officielle. Une décision stratégique qui pourrait redessiner les équilibres régionaux et renforcer l’influence grandissante de l’AES.

Dans l’ombre des grandes manœuvres diplomatiques qui redessinent l’échiquier géopolitique ouest-africain, le Togo avance ses pions avec prudence, mais détermination. L’annonce faite par le ministre togolais des Affaires étrangères, Robert Dussey, sur la possibilité d’une adhésion de son pays à la Confédération des États du Sahel (AES) ne relève ni de l’improvisation ni du hasard. Elle traduit l’évolution naturelle d’une relation qui, depuis les premières crispations entre l’AES et la CEDEAO, n’a cessé de se renforcer.

Un choix pragmatique

Lomé n’a jamais caché son affinité avec le triumvirat sahélien composé du Mali, du Burkina Faso et du Niger. La neutralité assumée du Togo lors des sanctions imposées par la CEDEAO, son refus de fermer son port stratégique aux échanges commerciaux avec ses voisins du Sahel et sa posture de médiateur entre les nouvelles autorités sahéliennes et leurs anciens partenaires témoignent d’une position réfléchie, oscillant entre prudence diplomatique et réalisme politique.

Aujourd’hui, la perspective d’une adhésion togolaise à l’AES prend une tournure concrète. « Le Togo envisage de rejoindre l’Alliance des États du Sahel », a confirmé Robert Dussey, précisant qu’il s’agit d’une « décision stratégique » qui permettrait de renforcer la coopération régionale et d’offrir aux pays de l’AES un accès direct à l’océan. Une déclaration qui, au-delà du simple effet d’annonce, révèle un tournant potentiel dans l’architecture sous-régionale.

L’AES, de la défiance à l’attractivité

Créée en septembre 2023 dans un climat de rupture avec la CEDEAO et l’ancienne puissance coloniale, l’AES était au départ perçue comme un bloc contestataire, une entité rebelle née d’une urgence politique et sécuritaire. Deux ans plus tard, les faits parlent d’eux-mêmes. Une coopération militaire renforcée avec la mise en place d’une force conjointe, un passeport unifié, une volonté affichée de créer une banque d’investissement et une attractivité grandissante. De simple alliance défensive, l’AES s’est muée en un projet politique crédible et ambitieux, au point de susciter l’intérêt de pays comme le Tchad, le Sénégal ou encore le Ghana voire le Soudan.

Si Lomé franchit le pas, ce serait une validation éclatante de cette mutation. Ce serait aussi une opportunité pour le Togo de s’affranchir d’une CEDEAO en perte de vitesse et de s’inscrire dans une dynamique de souveraineté régionale.

Faure Gnassingbé, l’équilibriste

Reste à savoir comment Faure Gnassingbé, habitué aux équilibres subtils, gérera cette éventuelle bascule. L’adhésion à l’AES serait un signal fort, un repositionnement stratégique susceptible d’irriter Abuja et Accra, garants traditionnels de l’ordre communautaire ouest-africain. Mais ce serait aussi un pari gagnant, une façon pour Lomé de consolider sa place de puissance médiane, à la croisée des chemins entre l’Afrique sahélienne et l’Afrique côtière.

Ce qui est certain, c’est que l’AES, loin d’être un épiphénomène passager, redéfinit les règles du jeu sous-régional. Et que le Togo, en quête de marges de manœuvre, semble bien décidé à ne pas rester sur la touche.

Bakary Fomba 


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