Sous le ciel de Conakry, des sinistrés de l’explosion de Coronthie crient leur détresse, face à l’indifférence glaciale des autorités. Leur lutte pour la reconnaissance et l’aide, réprimée par les forces de l’ordre, témoigne de la fracture profonde entre un peuple meurtri et un État sourd à ses appels.
Dans les ruelles étroites de Kaloum, le cœur palpitant de Conakry, l’aube du 28 mars a révélé une scène de désolation teintée de colère et d’urgence. Des femmes, des visages marqués par le drame de Coronthie, ont érigé des barricades, faisant écho à leur désespoir dans le silence brumeux du petit matin. Cent jours ont filé depuis cette explosion cataclysmique, un désastre qui a ébranlé le principal dépôt de carburants de Guinée, laissant derrière lui un paysage de dévastation et d’incertitudes.
Les victimes, trahies, dorment sous les étoiles
Les forces de l’ordre, représentantes d’une autorité impuissante face à la souffrance de ses citoyens, ont répondu avec une brutalité froide et mécanique, dispersant ces voix de détresse à coups de gaz lacrymogène et d’arrestations arbitraires. Les sinistrés, quelque 150 ménages arrachés à leur quotidien par cette tragédie, se trouvent désormais sans abri, contraints de dormir à la belle étoile ou de s’entasser chez des proches, loin de l’épicentre de leur vie.
Leurs revendications sont celles de l’abandon, d’une assistance promise mais jamais concrétisée, d’un soutien qui reste lettre morte. Mamoudou Cifo Kè Touré, porte-voix de leur désarroi, dénonce une inaction étatique face à une solidarité nationale et internationale détournée. Des dons, des sacs de riz, des habits, même des sommes d’argent conséquentes ont été collectés, mais jamais n’ont-ils atteint ceux pour qui ils étaient destinés. « L’État n’envoie ni sa part ni ce que les autres ont donné« , s’indigne-t-il, tandis que les victimes, trahies, dorment sous les étoiles.
La responsabilité des gouvernants envers leurs gouvernés
Alors que les sinistrés scrutent l’horizon avec anxiété, la saison des pluies se profile, menaçante, annonçant de nouvelles épreuves pour ceux qui ont déjà tout perdu. Ce drame de Coronthie, loin d’être un incident isolé, soulève des questions profondes sur la responsabilité des gouvernants envers leurs gouvernés, sur la capacité d’un État à protéger et soutenir ses citoyens dans les moments où ils sont les plus vulnérables.
La réponse de la Guinée à cette catastrophe, marquée par une répression plutôt que par la compassion, est un sombre rappel de la distance qui peut exister entre ceux au pouvoir et ceux qu’ils sont censés servir. Alors que Conakry se réveille au bruit des gaz lacrymogènes et au spectacle des barricades, le cri des sinistrés de Coronthie résonne, poignant appel à la justice et à la dignité humaine, dans l’espoir qu’un jour, il sera enfin entendu.
Chiencoro Diarra
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