L’exercice du métier d’enseignant devient de plus en plus difficile dans le monde. Les groupes djihadistes n’épargnent plus ces gardiens du savoir. Cette situation est assez inquiétante.
L’école qui contribue à faire reculer l’obscurantisme est de plus en plus la cible des djihadistes dans de nombreux pays. Les enseignants sont empêchés d’exercer leur profession en raison des menaces terroristes. Une situation qui a entrainé à la fermeture des classes dans de nombreux pays. « Plus de 22 000 élèves, enseignants et personnel éducatif ont été blessés ou tués lors d’attaques contre l’éducation pendant des conflits armés ou des situations d’insécurité au cours des cinq dernières années », a indiqué la Protection de l’éducation contre les attaques, une Coalition d’organisations de défense des droits de l’homme et de protection des enfants, dans un communiqué au cours de la Journée internationale pour la protection de l’éducation contre les attaques, le 9 septembre 2020.
Sur les antennes de la Radio France Internationale (RFI), mercredi 21 octobre 2020, Souleymane Badiel, secrétaire général de la F-SYNTER, la Fédération des syndicats nationaux des travailleurs de l’éducation et de la recherche du Burkina Faso, corrobore cette situation dans son pays. « Les enseignants constituent une cible des groupes armés au Burkina Faso », a-t-il indiqué.
Selon M. Badiel, dans son pays, des enseignants ont fait l’objet de bastonnades dans leurs établissements. Ce n’est pas tout, le secrétaire général de la F-SYNTER précise également des enseignants du pays des hommes intègres ont subi des séquestrations, d’autres de brimades, certains ont même assisté à l’incendie de leurs habitations, etc.
Le syndicaliste Souleymane Badiel explique : « Aujourd’hui, nous avons plus de 10 000 enseignants qui sont affectés, d’une manière ou d’une autre par cette situation, environ 2500 écoles qui sont fermées… » Et de poursuivre : « Il y a plus grave : depuis 2017, date à laquelle le premier assassinat a eu lieu dans la région de Djibo, il y a aujourd’hui onze enseignants qui ont perdu la vie, du fait de cette situation dans notre pays. »
Le syndicaliste estime que ces groupes terroristes ne s’intéressent pas qu’aux enseignants, mais également leurs familles.
Ce phénomène n’est pas propre au Burkina Faso. Au Mali également, les enseignants sont de plus en plus victimes de l’insécurité. « Un Mali, plus de 60 attaques contre l’éducation ont eu lieu en 2019 seulement, avec plus de 1 100 écoles fermées », précise Human Right Watch dans un communiqué du 9 septembre 2020. Selon Adama Fomba, porte-parole du syndicat de l’éducation signataires du 15 octobre 2016, les enseignants sont véritablement exposés à ce phénomène. En 2020, dans le centre du Mali, un enseignant a été enlevé avant d’être relâché quelques jours après.
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Le vendredi dernier, le professeur d’histoire-géographie, Samuel Paty a également été assassiné en France.
A en croire M. Badiel, ce qui fait des enseignants la cible des groupes djihadistes, c’est surtout le fait que certains de ces groupes considèrent l’école comme un outil de diffusion de valeurs contraires à leurs idéaux.
En conséquence, souligne Souleymane Badiel, nombreux sont les enseignants qui préfèrent abandonner le métier. « S’il s’agit de repartir dans ces localités, je préfère démissionner, parce que la vie est prioritaire par rapport à l’emploi que j’exerce », laissent entendre de nombreux enseignants.
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Le syndicaliste Souleymane Badiel formule néanmoins des recommandations pour garantir une sécurité globale des populations et des territoires. Au plan éducatif, M. Badiel recommande de travailler à éradiquer l’analphabétisme. Car, selon lui, il ne faudrait pas s’occuper seulement des jeunes, mais il importe de s’intéresser également de leurs parents.
Bakary Fomba, stagiaire
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