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Embalo, chantre de la démocratie… sauf quand ça le concerne !

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Entre crises internes, départs fracassants et dirigeants en roue libre, la CEDEAO vacille, prise au piège de ses propres contradictions et de son impuissance croissante.

C’est une gifle diplomatique qui en dit long sur l’état de décomposition avancée de la CEDEAO. Envoyée à Bissau pour désamorcer une crise électorale, une mission de haut niveau de l’organisation et de l’ONU a dû plier bagage en catastrophe, chassée par Umaro Sissoco Embalo lui-même. Un désaveu cinglant pour une organisation qui, depuis le départ fracassant du Mali, du Burkina Faso et du Niger le 29 janvier 2025, n’est plus que l’ombre d’elle-même.

Autrefois, la CEDEAO dictait la norme, imposait sanctions, embargos et missions de médiation, parfois même des interventions militaires. Mais ça, c’était avant. Avant que trois États-clés du Sahel ne claquent la porte. Avant que ses menaces ne deviennent risibles. Avant que ses propres membres ne se moquent ouvertement de son autorité.

Umaro Sissoco Embalo, l’auteur de coup d’État qui dénonçait les coups d’État

L’ironie est presque trop grosse pour être vraie. Embalo, l’homme qui, en 2020, clamait haut et fort que les troisièmes mandats étaient des « coups d’État », s’accroche aujourd’hui à son fauteuil avec un zèle suspect. En août de cette même année, lors d’un sommet de la CEDEAO, il dénonçait les pratiques d’Alpha Condé en Guinée-Conakry et d’Alassane Ouattara en Côte d’Ivoire, qui avaient tordu leurs constitutions pour se maintenir au pouvoir.

Cinq ans plus tard, c’est lui qui sème la confusion sur la durée de son propre mandat. C’est lui qui dissout son Parlement à répétition. C’est lui qui expulse les missions de la CEDEAO comme s’il ne leur devait rien.

Sa logique est simple, les principes démocratiques valent tant qu’ils ne s’appliquent pas à lui-même.

La CEDEAO, une organisation sans poids, ni vision

Pendant ce temps, le reste de la CEDEAO continue de donner le spectacle d’un radeau à la dérive. Elle prétend défendre la démocratie, mais ferme les yeux sur les dérives en Côte d’Ivoire, au Togo ou au Sénégal. Elle s’inquiète de l’influence croissante de Moscou au Sahel, tout en laissant Embalo négocier ouvertement avec le Kremlin. Elle condamne le coup d’État au Niger, mais reste silencieuse quand l’un de ses membres piétine ses propres institutions.

Autrefois, l’organisation parlait d’une seule voix. Aujourd’hui, elle n’a même plus d’interlocuteurs crédibles.

À Bissau, le naufrage de la CEDEAO se joue peut-être plus qu’à Bamako ou à Niamey. Car le problème n’est plus seulement que des États quittent l’organisation. C’est que ceux qui restent ne la respectent même plus.

Le Mali, le Burkina et le Niger ont pris le large. D’autres suivront-ils ? À ce rythme, la CEDEAO n’aura même pas besoin d’être dissoute. Elle se sera elle-même évaporée.

Chiencoro Diarra 


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