Dans l’effervescence électorale du Mali en reconstruction, les défis sécuritaires se dressent comme des remparts à la démocratie. Ce reportage plonge au cœur des enjeux, dévoile des réalités brutales, explore les stratégies en place, et donne la parole à ceux qui façonnent l’avenir politique du pays.
Les rues de Bamako résonnent encore des échos des élections présidentielles de 2020. Des groupes armés ont transformé des bureaux de vote en champs de bataille, semant le chaos et la terreur. Des citoyens ont été contraints de fuir, laissant derrière eux un paysage électoral marqué par la violence. Soumaïla Cissé, figure emblématique de la scène politique malienne a été enlevé, en pleine campagne électorale pour les législativesde 2021. Il décèdera quelques mois après sa libération. Cela révèle la fragilité d’un processus électoral dans un pays en quête de stabilité.
Tensions électorales en Afrique : leçons à tirer
Les frontières des défis sécuritaires ne se limitent pas aux frontières maliennes. En Côte d’Ivoire, l’année 2010 a laissé des cicatrices profondes dues à des violences post-électorales alimentées par des tensions ethniques et politiques. Un rappel brutal que la sécurité pendant les élections transcende les frontières, et que des leçons cruciales peuvent être tirées des expériences des nations voisines.
Les chiffres de l’Union africaine révèlent une réalité alarmante : plus de 100 attaques ont émaillé les élections de 2020 au Mali. Face à cette menace, deux perspectives s’affrontent : le renforcement musclé des forces de sécurité préconisé par certains, et la sensibilisation citoyenne défendue par la société civile. Un équilibre délicat entre puissance et responsabilisation, visant à prévenir les troubles tout en éduquant une population consciente des risques électoraux.
Le 25 septembre dernier, les autorités maliennes de la transition ont pris une décision salutaire : le report de la présidentielle initialement prévue en février 2024. Ce scrutin, considéré comme le chemin du retour des civils à la tête du pays depuis le coup d’État d’août 2020 dirigé par le colonel Assimi Goïta, s’inscrit dans un contexte politique délicat, marqué par le retour progressif de la sécurité et de la stabilité dans le pays.
Le moment marquant de cette montée en puissance de l’armée malienne et du retour de la reconquête de l’intégrité du territoire national est le 14 novembre 2023 avec la reprise de Kidal par l’armée malienne. Une reprise qui s’inscrit dans le cadre du désengagement de la mission onusienne du Mali après plus d’une décennie de présence sans résultat tangible.
L’objectif des autorités maliennes de la transition est de réussir à tenir des élections libres, transparentes, crédibles et surtout sécurisées. D’ailleurs, le président de la Transition a exprimé sa volonté d’assurer un « retour sécurisé et apaisé » à l’ordre constitutionnel dans ce pays victime d’insécurité depuis plus d’une décennie.
Forger l’avenir politique du Mali
Au-delà des stratégies de sécurité, des voix s’élèvent pour rappeler l’importance de l’indépendance des institutions électorales, de l’équité des campagnes, et du respect des droits de l’homme. Des recommandations cruciales pour bâtir un processus électoral démocratique, où chaque vote compte et chaque citoyen se sent représenté.
Dans l’ombre des défis sécuritaires se dessine une quête pour une démocratie malienne plus résiliente. En intégrant ces dimensions sécuritaires et démocratiques, le Mali se dresse comme un laboratoire politique en mouvement.
Nous gardons espoir que, malgré les tumultes du passé, des élections pacifiques et démocratiques émergeront, apportant une nouvelle ère politique au Mali et inspirant le monde entier.
Chiencoro Diarra
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