Dans un monde où les certitudes s’effritent, l’Ukraine émerge comme un acteur central d’une refonte géopolitique inédite.
Dans un monde où les repères géopolitiques s’effacent, l’Ukraine n’est plus seulement un pays meurtri par la guerre. Elle est devenue le carrefour de toutes les tensions, de toutes les projections de puissance, de toutes les incertitudes du XXIe siècle. Une scène ouverte où les grands empires — anciens, nouveaux, vacillants — rejouent leur destin.
Depuis son retour à la Maison-Blanche, Donald Trump ne cache pas son intention de rebattre les cartes. En plaçant l’Ukraine au cœur de sa stratégie internationale, il sape les équilibres patiemment construits depuis la guerre froide. Son choix de tendre la main à Moscou plutôt que de la sanctionner, sa défiance envers l’OTAN et son mépris des mécanismes multilatéraux ne sont pas des écarts de langage. Ils traduisent une volonté assumée : réorienter la politique étrangère américaine vers une logique transactionnelle, unilatérale, décomplexée.
Ce pivot stratégique inquiète les alliés traditionnels des États-Unis. L’Europe, prise en étau entre la fidélité transatlantique et l’urgence d’une autonomie stratégique, peine à trouver sa voix. La France et l’Allemagne, pourtant piliers de l’Union, oscillent entre prudence diplomatique et prise de conscience. Car l’enjeu est clair : si l’Ukraine devient la variable d’ajustement d’un nouveau « deal » américano-russe, c’est tout l’édifice européen de sécurité qui vacillera.
Kiev redevient ce qu’elle fut dans l’histoire
Sur le plan économique, la guerre commerciale engagée par Trump, combinée au rapprochement sino-russe, redessine les lignes de force. La Chine, stratégique et patiente, tisse ses réseaux. Washington brouille les siens. Et l’Europe, elle, regarde les plaques tectoniques se déplacer sans toujours oser affirmer sa propre gravité.
L’histoire retiendra peut-être que Kiev n’aura pas seulement été l’épicentre d’un conflit militaire, mais aussi le point de bascule vers un monde multipolaire. Encore faut-il que cette transition ne se fasse ni dans la confusion ni dans la compromission. Si la stratégie de Trump produit une désescalade durable, elle pourrait ouvrir un nouveau chapitre dans les relations internationales. Mais si elle échoue, elle risque d’accélérer un effondrement des alliances, un isolement américain, et une consolidation sino-russe.
Alors, une question demeure : l’Europe est-elle prête à sortir de sa position périphérique pour devenir un acteur autonome et crédible ? Le sort de l’Ukraine pourrait bien conditionner celui de tout l’Occident.
Car à l’heure où les empires se jaugent, se contournent et s’opposent, Kiev redevient ce qu’elle fut dans l’histoire : un point de fracture… et un point de départ.
Bakary Fomba
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